Petit retour donc sur cette journée mémorable.
J’ai donc fait un 4 points : la crête d’Eternoz d’abord parce qu’il fallait bien aller vers les cums mais ensuite demi-tour vers le sud parce qu’il est préférable ne pas manger son pain blanc en premier. Et aussi parce que le ciel était, comme assez souvent avec ce type de flux, vide sur la bordure entre 1er et 2nd plateau.
Je dis ça comme ça … vous en ferez bien ce que vous voulez. Je passe pas loin 2 fois par jour et je crois que c’est une petite erreur que de raisonner une fois de plus trop exclusivement en termes de crête. Avec du flux d’ouest ou de nord-ouest comme quand tu arrive de poupet avec une traine ok mais sinon c’est négliger un certain nombre d’autres éléments au moins aussi déterminants (foret, contraste, …). Peut être la différence entre la théorie sur carte ou sur ordi et l’observation & l’expérience vécue, qui sait ? :-).
Quand à la vallée de la loue, euh désolé Benoit mais le coup du posé au déco d’Echevannes pour se faire ramener, je t’ai devancé d’une dizaine d’année :-) Même symptôme, grosse degueulante avec bien de la brise dans le nez en venant de Mouthier. C’est d’ailleurs, selon moi, ce qui explique que même des pilotes au dessus de tout soupçons en terme d’efficacité en thermique et de connaissance du terrain n’ai jamais réussi ce jour là à dépasser les 1500 dans la vallée alors que moi j’avais tout fait entre 2100 & 2700. En fait chaque fois que j’ai eu l’occasion de comparer, mis à part les journées à conditions marginales, en fin de saison par exemple, les meilleures conditions la bas qu’à poupet c’est un mythe.
En fait à ce moment là à observer la vitesse de déplacement des ombres au sol, j’étais un peu dubitatif sur la possibilité de circuiter. Surtout que ça n’avait pas été si facile de monter jusque là. Plus tôt je ne peux rien affirmer mais sur le site vers 13h30-14h ça ne montait pas si bien. Il fallait retourner chercher plusieurs fois le noyau "d’après" vers le sud à cause du rythme des cycles trop rapide pour faire un plaf aussi stratosphérique quand ça monte aussi "lentement".
En plus j’étais affreusement en retard à cause de cette foutue réunion qui n’en finissait pas. Comme d’hab, ce n’est qu’en émergeant de la vallée de la loue que j’ai pu jeter un œil inquiet vers le sud pour voir si les cums étaient déjà en place dans la plaine ou pas. Soulagement il y en a sur le 2nd et un peu le 1er plateau, mais c’est tout. Donc avec un peu de chance le temps que j’arrive ça serait tout bon dans la plaine. Sauf qu’il y a un truc qui cloche, quelque chose qui ne cadre pas dans le décor. Au bout de quelque secondes je réalise ce qui ne va pas : il y a une ombre sur le poupet ! S’il y a une ombre c’est donc qu’il y a un cum ! arghhh donc les plus éloignés que je plaçais quelque part entre Amancey & Eternoz sont en fait 10 bornes plus loin. Ça veut donc dire que je suis effectivement mega à la bourre et qu’en plus le plaf doit être enôôrme (même angle sur l’horizon & plus loin = plus gros & surtout plus haut).
Du coup je pousse le deuxième barreau mais bon poulie-poulie sur la panda c’est vachement moins efficace qu’avec l’ultima :-) Et quand j’arrive à st Thieb c’est pour voir une aile que je commence à bien reconnaître… quasiment au plafond quelque part vers port lesney. Arghhh puissance dix, ça veut dire que j’ai au moins une heure dans les dents ! Si je pouvais je crèverai bien les yeux de ce gros lourd qui m’a tenu la jambe à parler pour ne rien dire.
La "chance dans mon malheur" c’est que du coup j’aurai pu prendre conscience avant même de décoller de l’extrême qualité de la visibilité, très inhabituelle les jours ou "ça envoie du gros". Car si une très grande propreté de l’atmosphère offre la possibilité d’un magnifique panorama, cela implique aussi que les cums semblent bien plus prés qu’ils ne sont. Du coup il est assez facile de planter une transition en étant trop optimiste surtout si en plus englué dans une interminable degueueulante, typique des journées à gros plafond.
Ou pire encore céder à la tentation de se replacer sous le cum pour "monter mieux" et perdre la pompe qu’il faillait en fait accepter de suivre patiemment… surtout la 1ere…
Une fois remonté vertical la crête d’Esternoz, j’ai donc le choix entre sauter sur le 2nd plateau vers le nord-est mais les cums y sont un peu filandreux, soit que la masse d’air y est plus humide soit que les pompes charrient de l’humidité du sol relativement plus enforesté.
Une autre solution serait de prendre vers le nord pour aller vers les quelques cums nettement plus beaux.
Mais une autre idée me titille depuis un moment. Il semble que comme souvent par ce genre de conditions, des rues veuillent s’installer, axées globalement Nord-sud avec plus ou moins une composant ouest. Pour l’instant les 10 bornes devant moi sont de fait à l’ombre d’un amoncellement de cums qui ont le même aspect filandreux débordant du 2nd plateau. Je temporise en finissant lentement le plafond, hésite en voyant passer Benoit un peu plus loin, mais alors que c’est pourtant clairement face au vent je sens la voile qui a comme envie d’avancer vers les cums. Je la laisse faire en me disant que ça va sans doute finir à coin jusque par terre comme lors d’une tentative similaire il y a 2 ans. D’un autre coté vu le plaf si je rechope quelque chose, je pourrai sans doute essayer de tirer sur le coté pour rentrer par dessus côte chaude.
Finalement je trouve une assez bonne ligne mais rien d’exploitable. Je réussis quand même à traverser la zone jusqu'à revenir au soleil. Depuis le départ le placement par rapport aux cums est difficile, au point que je n’arrive pas à décider vers lequel aller pour améliorer mon taux de montée dans le petit lift enfin trouvé. Soit vers l’ouest au dessus de Dournon toujours dans l’idée de rentrer. Soit le sud vers les cums en lisière de la foret. Une fois au plaf, a nouveau l’aile a envie de cavaler plein sud, il faut dire qu’a 2700 tout semble bien plus ouvert :-)
De fait je ne vais plus vraiment redescendre jusqu'à l’entrée de la vallée des Nans. Je suis même à deux doigts de finir par traverser la foret de joux sous une des rues qui va aux Rousses. J’y renonce parce que j’ai peur de me retrouver coincé derrière au retour si jamais je perds trop la ligne. En plus les rues commencent toujours par mourir par leur extrémité nord ouest, de la même manière qu’elles s’y développent plus tardivement, la moindre altitude du sol sans doute. Du coup le risque est grand de ne pas se retourner assez tôt et ne pas avoir suffisamment de temps pour rentrer. De fait je pense que je me serais fait coincer au retour par la dégénérescence en une petite ligne de précipitations des cums les plus beaux à mi-chemin.
Je choisis donc de tirer vers l’ouest sous quelques cums qui bien que moins nombreux se mettent bien, en particulier sur une ligne Valempoulieres – st Thieb qui sent bon le retour en vent arrière satellisé dans la stratosphère. Je fais tout quasi en ligne droite jusqu’au dessus de la poche du Bief de corne. Seulement quelques tours dans les plus grosses accélérations, presque inutiles mais qui donnent un peu de temps pour se décider à refuser cette autoroute de cums pour un retour quasi trop facile. En fait avec un tel plaf la tentation est trop grande, Poligny est clairement à portée même si ça pourrait bien être le "coup de trop" puisqu’ensuite la plaine est totalement vide et sans doute très éteinte. Il vaudrait mieux mettre juste le bout du pied dans l’eau et le retirer aussitôt "oulaaa c’est froid". Mais non je plonge à deux pieds dans la mare. La face sud de la reculée semblait envoyer quelques pompes matérialisées par des petits cums échevelés mais au fur et à mesure que j’y arrive, ils disparaissent, les barbules ne donneront presque rien. Redescendu à 1600, les cums du plateau sont hors de portée et se désagrègent eux aussi. Transition jusque derrière Pupillin à 800 en travers du Revermont pour repasser sur la plaine. La face sud-ouest de la bosse, sans doute, me gratifie d’un 0,7 qui dérive dans le bon sens mais qui malheureusement ralentit progressivement. Lorsqu’il me lâche tout à fait, je pars dans l’axe de la dérive et retrouve plusieurs fois un petit noyau qui au final m’amène vers les 2000 à la verticale de Mesnay. Le retour d’une traite devrait être presqu’acquis, sauf que c’est le moment ou "ça choisit" de tomber très durablement du ciel entre -3 et -4,2 stabilisé. Rien non plus sur la face sud de la côte ou alors je suis passé à coté, difficile à dire en l’absence de cum. Au final je retouche seulement un petit truc à l’entrée de la croix merrin, glisse sur st Thieb et raccroche le relief par en dessous dans un petit déclenchement matérialisé par un élève qui vient de décoller.
J’hésite à me poser au déco mais il y a un peu beaucoup de monde étalé et pas tellement de flux pour poser cet avion.
Et puis c’est l’heure du "money time" autrement dit la fin de journée ou tout a eu le temps de bien s’installer de partout et ou donc à condition de refaire un plaf il y a matière à aller chercher un dernier point de contournement même dans une simple glissade aller-retour.
Nicolas & Serge rivalisant d’empressement à me montrer comment monter au plus vite … on refait un plaf autorisant à aller tourner un point dans la vallée de Quingey. Difficile de calculer ou se retourner d’autant que ça ne planera sûrement pas aussi bien au retour sans cette bonne ligne matérialisée par quelques nuelles.
Je renonce a un cum sur Quingey qui de fait disparaitra très vite et tourne vertical Breres. A l’image d’un vol qu’avait conté ici Rodolphe, je retraverse sur le promontoire de By et refait un bout de plein pendant que Gilles passe tout droit en dessous sans rien toucher.
Quand je pose (difficilement !) au déco NO après 5H30 de vol, il restait encore de quoi remonter sur les reliefs pendant une bonne demi-heure. Pas trop de regret cependant car le risque de choir en allant trop dans les basses couches était non nul à cette heure.
Au final 80 kils en 4 points mais surtout pratiquement 100 patates en kilomètres réellement parcourus ! Je sais bien que ça compte pas pour la "compet" mais je m’en fiche du règlement, je déclare pas. Et je mesure "aussi" comme ça parce qu’en fait c’est le vrai mètre étalon de mes vols de circuit, à condition bien sur de ne pas exagérer avec des tracés "accordéon".
Compte tenu de l’heure de décollage cela ouvre donc définitivement la perspective du 100 patates en allant chercher comme ça au moins un point sur le plateau. Souhaitons qu’il y ait rapidement un prochain bulletin fin annonçant 2000 de plafond maximum sur le relief :-))))
J'ai dessiné ma trace sur un fond de carte. Comment qu'on fait pour coller une image ici ?