Sujet : Un petit vol pour l'humanité...
....mais un grand vol pour moi ce jeudi après-midi !
Fort surpris de constater une si faible affluence en cette journée dérogatoire (pourtant annoncée très à l'avance) à l'arrêté thermal interdisant le vol en semaine, je me retrouve avec Joce à l'attero de la Côte vers 13h30.
Celui-ci, d'habitude si calme et serein, semble nerveux : missionné par Agnès pour déplacer la biroute de la Côte, il est totalement désorienté. Il est vrai que la tâche est complexe : deux mètres environ séparent le piquet sur lequel est fixé la biroute de celui sur lequel il faut la déplacer, et ce ne sont pas moins de 4 clous, certes un peu rouillés, qui nous défient.
C'est en découvrant sa caisse à outils que je comprends le génie de cet homme dont le métier présumé de menuisier semble si peu compatible avec son assiduité à la pratique du parapente. Lui qui depuis des années se fait passer pour un artisan ne possède même pas une paire de tenailles correcte... Quand on pense que sa femme croit dur comme fer qu'il part au travail tous les jours, on ne peut que saluer l'artiste. Après avoir moi-même effectué le travail avec quelques mauvais outils, de peur qu'il ne se blesse, je l'accompagne au déco, que vient de quitter un deltiste que nous perdons vite de vue.
C'est bien alimenté, mais c'est régulier, pas rafaleux, et après avoir laissé Joce décoller, me voilà parti également. Ça monte bien le long du relief, et pendant que mon comparse va s'amuser devant, me voilà en quelques tours à 1100, dans une couche pas très agréable où je me fais un peu tarter. Deux autres ailes décollent, que je ne reconnais pas : sans doute des étrangers pas de chez nous. Nous apprendrons par la suite que Daniel, Alex, Jean-Mi et quelques autres ne décolleront pas parce que la bise s'était considérablement renforcée. (Merci à Daniel d'avoir redescendu ma voiture).
Après avoir fait plusieurs fois le yoyo, je remonte une nouvelle fois dans cette couche que je trouve décidément peu sympathique, conditionné peut-être par le souvenir d'une petite imprudence derrière Pupillin samedi passé (une consommation, même très modeste, de whisky la veille d'un vol, pouvant altérer les capacités d'analyse). Lassé de me faire secouer, je décide donc vers 1300 de quitter le site pour tenter l'aventure...
Direction le pylône derrière Arbois, où je gratte patiemment dans du petit thermique avant que celui-ci ne s'affole jusqu'à du +4 et me remonte... à 1900 m, avec une très forte dérive qui me dépose largement au-dessus de la forêt d'Arbois.
Plutôt que de prendre ma traditionnelle option de l'appui sur le Revermont, je pars franchement vent de cul, et vise une clairière qui tient toutes ses promesses, avec toujours cette forte dérive liée à une bise qui se renforce. Me voilà à 1500, soulagé de ne pas poser à Molain, village oublié de la civilisation... et me dirige en direction de la carrière de Besain : vu le site et la qualité des thermiques précédents, ça ne peut que marcher...
Et pour marcher, ça marche, puisque je retrouve un gros thermique sous le vent de la carrière : +6,5 jusqu'à 2000, plaf de la journée pour moi. Ma Sigma me rappelle à deux ou trois reprises que quand on croise un thermique de cette qualité, on doit avoir la courtoisie de ne le quitter qu'à son sommet sous peine de se prendre une bonne claque sur le coin du nez... Après quelques maladresses et quelques frayeurs, je finis par écouter ces règles élémentaires de savoir voler, et me voilà au-dessus de la (pour moi) mythique côte de l'Heute, avec en point de mire le lac de Chalain et au-dessus de St Claude, loin, très loin, les seuls cums de la journée....
Vu l'orientation du vent, longer le relief en espérant m'appuyer plus loin dessus ne me semble pas la bonne option, et je préfère viser la zone sous le vent de la crête au niveau de Pont du Navoy, en espérant rencontrer un nouveau thermique... option qui marche une nouvelle fois à mon grand soulagement mais qui ne suffit pas à me remonter au plaf...
Me voilà donc entre Châtillon et Blye, au-dessus des méandres de l'Ain, à voler comme une âme en peine, un peu "sec" physiquement et surtout en panne d'idées pour la suite : les habitués du vol dans le secteur auront peut-être un conseil rétroactif à me donner ?
Petite pensée pour Lolo en apercevant Charézier : nul doute que s'il avait été libre, son intuition et sa parfaite analyse météorologique lui aurait fait envisager le déplacement sur son site fétiche !
Je ne retrouve rien pour poursuivre mais me console avec une vue magnifique sur les Monts Jura, le lac de Chalain, celui de Clairvaux et un peu plus loin sur Vouglans, près duquel je finis ce beau vol de 2 heures, en me posant à la Tour du Meix. C'est là que je réalise que ça ronfle plutôt fort en me posant à la verticale à la sortie du patelin...
2 heures de vol c'est toujours trop court ; 2 heures de récup c'est un peu long !
Après avoir fait craquer deux charmantes retraitées (à peine plus âgées qu'Agnès, et à qui le maillot de bain irait sans doute très bien) qui me déposent à Orgelet, donné quelques conseils techniques au goal de l'équipe de foot de Jura Sud, me voilà à Lons dans la voiture d'une animatrice en grandes surfaces, aussi sympathique que spontanée mais vaccinée à l'aiguille de phonographe, qui me saoule tellement de paroles que j'en ai oublié son prénom ! Je me rappelle en revanche de celui de Daisy, sa petite chienne caniche qui a fait tout le trajet sur mes genoux. Je change de navette juste avant que sa maîtresse ne lui laisse le volant pour prendre sa place... en retrouvant à Poligny Alex, qui malgré sa frustration de ne pas avoir pu voler et après avoir dévalisé un magasin de bricolage (c'est sa femme qui va être contente !), me fera le dernier bout de la récup.
Joce pose à l'entrée de Lons mais en passant le long du Revermont : je suis impatient de connaître son récit !
Pour ma part, j'en ai pris plein les yeux et plein les poumons et j'espère vous avoir fait partager ces quelques moments de ce vol qui est pour moi le plus beau réalisé, en regrettant fort de ne pas avoir pris l'appareil photo, parce que c'était magnifique !