la sigma 8 dans les starting block

Dans le service public, ça va mal et dans l’éducation nationale c’est la bérézina ! Alors vu le nombre suppressions de postes prévues à la rentrée prochaine dans l’Académie, j’ai décidé de prendre mon avenir en main (les mauvaises langues s’empresseront de dire qu’à mon âge….). J’ai bien essayé la menuiserie mais le patron ne me trouve pas très  efficace, la preuve il a préféré envoyer son ouvrier voler pendant qu’il restait travailler. Aussi incroyable que cela puisse paraître (j’en connais qui vont se pincer et relire trois fois la phrase), je vous jure que c’est la vérité. Enfin tout s’arrange j’ai décroché une embauche cet après midi comme pilote test à la Voilerie Chauvin… enfin à l’essai pour l’instant.
Pour ma première mission, Eric me balance un sac et me dit : Allez monte au Poupet et essaye moi ça, je veux un rapport détaillé avant 18H !
Je me lance donc, presque en courant,  à l’ascension du Poupet escorté par Martial et Gilbert  (je les soupçonne d’être à la solde d’Eric et d’avoir eux aussi un rapport à faire, les retraités sont toujours prêt à rendre service pour arrondir leur pension).
Arrivé au déco Nord, c’est bien alimenté, ça ronfle par intermittence dans les sapins, c’est signe que malgré la rareté des trouées de ciel bleu, cette belle instabilité génère de bonnes ascendances dans la bise qui est déjà elle-même assez soutenue.
Bon, voyons ce sac, un tissu aubergine et gris dépasse du sac estampillé « Advance ». Et zut c’est pas une Oméga8, c’est la petite sœur qui vient tout juste de sortir de la maternité. Bon, maintenant, il faut que je fasse un peu comme les pros dans Parapente Mag :
Le dépliage de cette toute nouvelle Advance est tout ce qu’il y a de facile… (enfin bon, déplier une elle c’est pas sorcier non plus ) . Le démêlage des suspentes est aisée (ben oui 3 lignes ça facilite les choses). Là j’ai un pb j’ai oublié de demandé à Eric quel était l’avantage d’avoir des  suspentes gainées sur les A et B et non gainées sur les arrières ?
Pendant ce temps l’aile s’impatiente, faut dire qu’avec ses arceaux aux entrées de caisson, elle est déjà à moitié gonflée avant que le pilote ne soit dans la sellette. Je laisse mes deux escortes décoller pour vérifier que la voie est libre (y a pas foule au Poupet aujourd’hui mais quand même), puis juste un pas en arrière, la voilà qui monte toute seule (comme pour l’Oméga8 faut y aller tout en douceur je m’y attendais). Ensuite elle se stabilise facilement au dessus de la tête.
Première minutes  de vol, les conditions sont un peu (Gilbert dirait très)  turbulentes  et j’ai le sentiment d’être un peu secoué,  j’essaie de piloter un peu l’aile pour contrer cette sensation mais ça na pas l‘air efficace ! J’ai l’impression que mes actions aux commandes ne sont pas dans le tempo des mouvements de l’aile. Je continue un moment sans vraiment comprendre ce qu’il faut faire (là je me dis l’embauche c’est pas gagné) puis j’observe l’aile au dessus de ma tête. En fait l’aile bouge très peu, avec des mouvements rapides mais de faible amplitude qui se bloquent  d’eux même, et c’est le pilote qui par effet d’inertie récupère le mouvement.(et oui je n’ai pas encore oublié mon futur ancien métier). Finalement j’ai compris : ça ne sert à rien de piloter (enfin j’exagère un peu, parce que si je commence à dire aux élèves d’Eric qu’il ne faut plus piloter les ailes, je ne suis pas près d‘ avoir un CDI).
Alors à l’attaque des thermiques. Pour mettre l’aile en virage il ne faut pas hésiter à user de la commande et de la sellette pour la lancer dans le virage qui ensuite est assez homogène. La commande est assez vite ferme et semble offrir moins de finesse de pilotage que la Sigma 7.
Quelques ascendances et dégueulantes plus tard,  j’ai l’impression que cette Sigma 8 peine un peu à rentrer dans le thermique, on a l’impression de se faire un peu balloter en butant sur quelque chose. Mais avec l’accélérateur ça change tout, il est très efficace dès les premiers centimètres et changent radicalement le comportement de l’aile. Je pense qu’il va falloir en abuser sans modération.
L’une de mes escortes suffisamment secouée (je tairai son nom) abandonne la partie et nous propose une récup à la côte… alors allons voir si la masse d’air est plus saine la bas. Moins de 100 m au dessus du déco,  je quitte Poupet  mains hautes (sans les mains parce qu’il faut les réchauffer), Martial me suit en partant à peine plus bas. Par contre à l’arrivée y a pas photo, j’arrive 100 m au dessus de la côte et Martial raccroche  à mi pente sur la rangée de sapin. Une petite transition jusqu’au  dessus du Fort St André me confirme que la finesse de l’aile est bluffante. A ce stade je devrais me la jouer en vous racontant que je me suis lancer dans un classique petit cross local Poupet-Lons allez retour en admirant l’extrados des U4, Oméga8 et autres Eris4 des pilotes locaux…
Heu, c’était quoi l’ultimatum de Gilbert  dèjà ? 17H posé ? Alors il est temps de faire des 360, un petit virage à droite pour lancer le mouvement à gauche et elle part assez facilement, j’enfonce un peu plus la commande, elle rentre dans la spirale progressivement (-13 m/s). Quelques tours, je relève la commande et me redresse dans la sellette, elle sort gentiment et la dissipation est facile. On remet ça mais cette fois je ne dissipe que partiellement, sortie en chandelle assez insignifiante, pas vraiment d’abatée à bloquer. J’ai encore du Gaz et Gilbert est sur le parking, j’attrape les suspentes extérieures, les petites oreilles sont assez efficaces et l’aile est très stable. Quand on les relâche les oreilles s’ouvrent toute seule pas besoin de pomper comme sur la Sigma 7.
A l’attéro, comme je m’y attendais, un bon gradient, je relève les mains pour prendre de la vitesse mais je n’ai pas de sensation d’accélération très nette, en tout cas pas suffisante pour faire un bel arrondi. (Non je ne me suis pas cratérisé dans le champ boueux)
Allez, on se dépêche car il faut que je fasse mon rapport au boss et Gilbert veux être à l’heure à son rendez-vous (je ne vous fait pas un dessin). Rendez-vous qui s’avérera par la suite être un apéro (on a plus les mêmes valeurs quand on est en retraite)
En résumé, la finesse de la Sigma 8 est impressionnante, mais j’ai regretté les sensations de pilotage de la Sigma 7 et sa plus grande fluidité de mouvement. J’ai l’impression que le bridage des mouvements de l’aile en termes d’amplitude l’assagit beaucoup mais en contre partie, le pilote bouge un peu plus sous l’aile. (dans les conditions de l’essai qui étaient très propices à ce genre d’observation).  Bref, un pilotage d’Epsilon 6 avec une finesse d’Oméga 8 (ou presque), c’est pas croyable ce qu’on arrive à faire maintenant.
Ce sont mes premières impressions après 1H de vol sous Sigma 8 dans des conditions un peu spéciales, alors évidemment ça n’a qu’une utilité très relative, si vous voulez vous faire une idée, il n’y a qu’une solution essayez la ! Moi j’ai pas que ça à faire il faut que j’aille négocier une Oméga 8 comme prime d’embauche….  ou de licenciement !

Fin de rédaction du rapport : 17H58

PS : je sens que le rédacteur en chef du PVL mag va me faire la gueule pour ne pas lui avoir réservé la primeur de cette bafouille pour son canard.

Dernière modification par gilej (20-01-2011 13:17:00)

Ah les patrons, tout est bon pour éviter de signer les contrats, il suffit de mettre la barre beaucoup plus haut. Qu'a cela ne tienne, le proto U13, je l'essaie cet après midi. Il neige c'est pas grave de toute façon des ailes comme ça c'est fait pour voler dans les cunimbs au milieu des grêlons....

Merde vous faites chier avec vos truc de fonctionnaires............... bon Luce on se fait une bouffe ?