Sujet : Il y a dix ans....en delta
Non non, je ne vous fais pas le coup du vieux nostalgique de quand j'étais jeune c'était mieux! Je viens simplement de remettre la main sur le récit de vol de Jean Marc, vol effectué le 19 avril 1999 en Delta plane, ... et je ne m'étendrai pas sur le sujet. Je vous laisse savourer le plat, il est savoureux....
SAMEDI 17 AVRIL 1999
(Interview de Jean-Marc ROUSSELET par ROXY)
C'est la compet du Poupet Vol Libre, organisée par Riton.
A 2h30, je décolle, comme d'habitude le premier, et comme d:habitude tout le monde attend que je fasse un tas.
Après vérification, le Zénith 135 tourne (c'était pas sûr). Thermique devant. Ils ne me verront plus. Petite prise de risque pour récupérer le thermique au dessus des planches. Le risque en valait la chandelle: +3 à +5 jusqu'à 2400 au dessus d'Arbois. La rue de nuages sur le plateau me donne envie de voler vite, l'analyse des conditions est bonne jusqu'à Lons. 45 minutes et 3 grosses pompes plus tard, vers Arinthod, je suis un peu trop optimiste, ne trouve pas la pompe prévue et vais attraper l'ascendance suivante à 100 mètres sol.
Après ce point bas, sentant le potentiel de la journée, je décide de moins tirer la barre et d'assurer un peu plus.
Maintenant, je suis obligé de slalomer pour éviter les nuages noirs qui précipitent un peu le grésil (virgas). Je suis heureux de reconnaître le site de Chancia. Après une hésitation sur la route à suivre, je décide de me diriger sur Oyonax où les nuages semblent moins actifs. Je ne fais plus de point bas, mais reste très vigilant car Oyonax ne me donne plus le choix sur l'axe à choisir si la pompe n'est pas au rendez-vous.
Comme toute grosse carrière qui se respecte, le thermique est bien là. A nouveau un plafond à 2500: Là, je fais un peu le zazou, je me laisse monter contre le bord du nuage et le compteur passe à 2600.
Je prends le cap au GPS -et mes craintes se matérialisent: Barre à fond, j'entends toujours le vario couiner, le sol disparaît par moment, mais les quelques pâtures encore visibles me permettent de garder mon cap sans l'aide du compas qui est de toute façon illisible derrière mes genoux.
Sorti de cette mauvaise passe, l'alti affiche 2800. J'avais regardé la température à 2200 : -5. A 2800, je n'ai pas plus chaud !
Là, je transite plein sud di1.ection le nuage en pleine vallée, vertical Nantua. De là, je constate que l'axe Colombis-Dent du chat est fermé par un surdéveloppement. L'orage est sur les Alpes du nord.
Je décide alors de repiquer sud-ouest afin de me rapprocher de la plaine et ainsi de me protéger d'éventuels cuniI11bs qui auraient pu me fermer la route. Je me rapproche d'Ambérieux tout en restant sur le relief, et là, une superbe traversée sous un nuage de grésil, je voyais le ciel bleu derrière et -la plaine qui m'attendait.
Au loin, les cheminées de la centrale me :fixaient, la limite du posé de ce fameux record de 1984 (environ 150 Kms, une pensée amicale à Jean-Marie Hosate). Je veux décaler un peu à l'est pour anticiper la suite du vol et ainsi m'éloigner de l'aéroport (le Lyon-Satolas)
L’hésitation de trajectoire (.le gros noir ou les petits reliefs dans le bleu) me fait perdre 20 minutes dans du petit zéro. Je suis en perdition et décide de tirer vent arrière afin de Parcourir la plus grande distance et augmenter mes chances de retrouver une pompe salvatrice. Le choix du cap se fait un peu beaucoup au pif, comme quoi en avoir un gros peut servir ! !
il est environ 18 heures et je ne désespère pas de retrouver une ascendance. 6h20, le vario repasse au positif, +2, +3 et à nouveau plafond 2400 : Je laisse les formations à l'est, pl~s basses que moi. Continuant plein sud, dans l'axe d'une ruée de nuages, je suis surpris par les gros noirs qui me suivent malgré les 95kIns /h affichés au GPS.
Ca sera seulement à la Sème transition que j'en serais éloigné. Ce souci là supprimé, je pense pouvoir finir mon yol tranquillement. La quiétude a tenu 5 minutes : à environ 10 kms plus au sud, je vois sortir devant moi, sur un plan de descente, 2 avions de tourisme à réaction! !
De taille indéfinie due à la distance, ces avions sont sortis des surformations à l'est de ma trajectoire. Après 10 minutes d'hésitation, je garde mon cap en tirant et décide de passer cette zone dans les basses couches si la chance veut être de nouveau avec moi. Un bon. coup de bol, je coince du positif et m'applique à dériver sans monter. Malgré cette faible altitude, je ne suis pas tranquille .et pense à ma petite famille (il me faudra un jour devenir raisonnable). La çhance est encore au rendez-vous et me permet de traverser la zone douteuse sans perdre d'altitude et de retrouver une jolie pompe (je n'ai pas revu d'avions me couper la route).
il est 19h15, et je m'attrape encore du +3, +4 turbulent. Je baisse un peu les bras et vais tourner le +2 un peu plus loin.
Je fais à nouveau un joli plafond mais quitte avant le sommet espérant choper encore un dernier thermique. En fait ça sera le dernier. Je suis au dessus du soleil couchant, heureux, je pense que cette fois, je n'aurais rien à me reprocher. 2300 Mètres de plané devraient me permettre de trouver un attérro correct mais je ~e méfie de ~on for intérieur qui pousse toujours le bouchon, toujours un peu plus loin.
Je reste vigilant car la zone est boisée et vallonnée. C'est en regardant le soleil se coucher que je pense aux soucis que je vous fais (les organisateurs et la famille),
La finale se fait à une vitesse-sol de 80kms/h, le vent est toujours bien présent. Je pousse jusqu'à l'entrée d'un village, une ferme isolée, des voitures, un joli terrain m'attire vers le sol. Méfiant du vent, mon poussé sera timide, je finis gentiment sur le nez. Le vent est nul, le proprio de la .maison me confirmera que le vent au sol venait de tomber avec le soleil.
il est 20h15, je cours vers le téléphone. Je crois avoir fait un beau vol; Vous en jugerez vous-même.
Merci aux organisateurs pour ma petite coupe, à ma navette qui est rentrée à 4h du mat chez elle et aux gens qui m'ont accueilli et nourri jusqu'à 23 h ; J'attends ma coupe pour la leur envoyer! !