Sujet : 22 juillet: Poupet-Grenoble!!
.. en passant par St Lupicin
16 heures. J’ai déjà un vol à mon actif ! décollage à 12hr30 du Nord, posé à 13hr30 à Equevillon, brassé comme un yogourt ! Sur mon mobile, un message d’une dame qui me dit être en possession de mon chien et ne pas savoir quoi en faire. Un type s’approche avec un gamin. À me voir gesticuler et m’entendre vociférer, il doit regretter de ne pas être resté devant le journal de treize heures ! Agnès m’envoie un texto : « je suis à Charency » J’imagine que c’est du côté de Vouglan, vu la rue de nuage qu’elle avait à son départ de la côte. Agnès n’aime pas les rues de nuage. Agnès n’aime pas la forêt de Valempoulières. Agnès se prend pour un mirage 2000 : elle vole dans la R45, à vue, et bas. Je lui réponds que je suis à Champagnole. Le mobile sonne : « on est à Champagnole, té où exactement, qu’on te récupère ? (j’entends : « encore une fois de plus, ça commence à faire une sacrée ardoise ! »)
14hr30, on est à St thiéb. Histoire d’aggraver encore un peu mon cas, j’emprunte le Quad pour essayer de retrouver cretin-d’chien dans les Chamoz. 15hr30 : le chien est enfermé dans le garage d’Eric, mon aile est dans le Camion d’Eric, et Agnès me fait un sourire : « c’est plus une ardoise, c’est un crédit sur dix ans ! » Je monte à pied.
16 heures : prêt à décoller, Guillaume m’interpelle : « c’est pour avoir l’air moins con que tu laisses ta veste sur le déco ? » (sympa, j’l’aime bien guillaume !!) Je glisse les bretelles de la sellette, enfile ma veste, remet les bretelles, et, machinalement, mon regard se porte sur la ventrale… Ce ne sera pas mon dernier vol. Je boucle les sangles de cuisses et saisis les élévateurs. Le droit ressemble à un scoubidou ! Eric !!!!!
Enfin, tout semble en ordre. Je décolle. La masse d’air ne s’est pas arrangée : toujours aussi cyclique. Une rue au sud de Salins me met l’eau à la bouche. Je la surveille tout en essayant de monter dans le thermique. Au bout de quelques minutes, elle se désagrège lentement, laissant place au bleu du ciel. Au dessus de moi, le cumulus ne semble pas savoir ce qu’il veut. Trois fois je monte, décale, me retrouve à l’aplomb de la face sud est du Poupet et reviens. Une masse nuageuse derrière Saizenay semble dériver lentement vers la vallée de Pont d’Héry. Si elle matérialise une masse d’air instable, alors autant attendre qu’elle soit dans l’axe de ma route. Cette idée est-elle bonne où est-ce juste une coïncidence, mais le cheminement entre Salins et la forêt de Valempoulières se fait dans une masse d’air instable : des nuelles se forment à la sortie de salins : elles matérialisent un thermique désorganisé, dans lequel il va falloir moyenner entre les dégueulantes et les ascendances, et surtout ne pas louper les noyaux quand ils passent. Je déteste ce genre de condition. Malgré tout, je m’en sort et glisse ensuite Sur Moutaine. Nouvelle ascendance, qu’il faut régulièrement recentrer comme si la dérive était Est. Le cumulus semble s’étaler sur un axe Est-Ouest. (Eric me confirmera cette impression le soir même) Je mets le cap sur la Forêt de Valempoulières en bordure de la départementale, en priant le ciel que le beau cumulus que je vise ne s’effondre pas à mon arrivée. Ça monte bien. Je décale petit à petit au nord-Est du Nuage, remontant ainsi au vent en direction d’Andelot. C’est l’inverse du thermique précédent ! Je finis aux barbules et me laisse même monter un peu dedans. Il me faut un maximum de gaz pour passer ce plateau jusqu’à Sapois où des cumulus sont en formation. Je glisse détrimé et accéléré dans le bleu, et survole Equevillon. Le petit joufflu qui est devant moi a belle allure. La suite devrait être facile.
C’est sans compter sur les caractéristiques de la journée, très différente de la veille, qui était une journée très instable, où le moindre rayon de soleil provoquait une élévation de la masse d'air exposée, de manière quasi continue. là au contraire, il y a beaucoup plus de soleil, mais avec de la brise (ou du vent?) en basse couche et des déclenchements épars et cycliques. Au lieu d'avoir une seule zone bien définie qui déclenche franchement, il y a une multitude de petites zones qui pulsent. Ces déclenchements peuvent être plus ou moins coordonnés pour donner à une certaine altitude une bonne zone ascendante, ou alors ils sont asynchrones et donnent une ascendance turbulente, dans laquelle il faut jouer à saute mouton entre les dégueulantes qui bordent les noyaux. Régulièrement, c'est toute une zone géographique, parfois étendue, qui semble devenir stable et signer ainsi la fin de la journée. C’est comme si les masses d'air s'étant soulevées, elles laissaient la place à des masses d'air plus froides qui doivent se réchauffer à leur tour avant de devenir instables. Dans cette période, les nuages ne sont plus alimentés et s'étalent où s'affaissent. Si les cycles ne sont pas trop éloignés, il y a moyen de s'en sortir en patientant dans la dernière ascendance, jusqu'à ce que des indices visuels (barbules, oiseaux...) informent sur la mise en place d'un nouveau cycle. Autrement dit, lorsque ce type de journée est clairement identifiée, il ne faut pas quitter une zone ascendante avant d'avoir reconnu la prochaine dont on est sur qu'elle est à portée en distance et en temps. Le timing de cette journée est donc particulièrement serré: il faut quitter un nuage avant qu'il ne s'effondre et arriver sous le suivant dans la première partie de son cycle. lorsque j’arrive à Champagnole sous ce petit nuage joufflu très prometteur, celui ci s’éclaircit doucement. Autour, se forment d'autres barbules sans qu'il y ait d'indices me permettant de trouver l'ascendance. Je glisse doucement sous le vent de cette zone en enroulant des thermiques désorganisés et c'est alors que la zone que je viens de dépasser se remet en activité, alors même qu'elle semblait s'éteindre quelques minutes avant. Je me retrouve ainsi sous le vent de ce qui semble être une des plus belles ascendance de l'après midi! je patiente, et m’accroche, revenant au vent quand je le peux, et dérive doucement en direction de Syam, jusqu’à me trouver assez bien placé pour passer au dessus du verrou et récolter les ascendances associées à la brise qui doit remonter de Champagnole et de Sirop. Pendant ce temps, le cycle du pic de l'aigle s'éteint. Je n'ai donc aucune raison de me presser. J’essaye de me maintenir en altitude tout en dérivant de manière à arriver le plus tard possible (ben oui) après la fin du cycle du Pic. L'ascendance sur Narlay est assez couchée. après quelques recentrages et timides explorations vent de face, je me laisse déporter derrière la crête, rassuré par la présence de formations nuageuses. l'ascendance est en effet plus franche sous le vent de la crête.
La suite du vol semble plus facile: des cums se sont organisés en une rue allant en direction de St Lupicin. Je décide d’accélérer le rythme et lorsque j’arrive sous le dernier cum, je n’enroule pas l'ascendance d'entrée, pensant aller me caler sous la zone la plus sombre où se trouve (théoriquement) le meilleur vario. Je me retrouve alors dans une dégueulante. Le nuage s'affaisse, Il n'est plus alimenté, et j’ai un vrai sentiment de trahison ! Quelques minutes après avoir quitté la zone, il n'en reste quasiment rien! Je regrette mon excès d’optimisme (j’ai déjà bien du mal à l’être !) : si j'avais enroulé le vario d'entrée, je ne serais pas en train de filer comme un avion de chasse au dessus d’une vallée imposable ! Par chance, la masse d’air ne s’effondre pas. J’arrive au dessus de Ravilloles, petit village posé sous le vent d’une petite crête qui s’incurve en direction de St Lupicin. Je croise quelques noyaux que j’enroule, plus pour profiter de la dérive que pour monter. St Lup est enfin sous mes pieds. Reste à trouver un atterro pas trop malsain. Un champ fauché en bas du village me semble plus accueillant que les autres. Je survole un bâtiment industriel et me place en entrée de terrain en me méfiant de la brise en basse couche. Après une ou deux châtaignes dues aux déclenchements, je pose dans un bon gradient où il ne faut pas oublier de relever les mains.
Un type vient à ma rencontre avec son gosse sur les épaules. Nul doute que l’opinion qu’il se fait de moi est très différente de celle du monsieur que j’ai croisé à Equevillon en début d’après midi ! (toute mes excuses au monsieur). On discute un bon moment. Il a un regard de gosse devant le matériel étalé à nos pied et me pose mille questions. Il me paye une bière et me propose de me poser le long de la nationale. En fait, il me pousse jusqu’à Orgelet. Nous prenons rendez-vous pour début Août et une après midi biplace.
Une longue soirée de stop commence. Qu’importe, aujourd’hui j’ai volé en fonction d’un objectif précis et ça n’a pas trop mal fonctionné. Quel objectif ? Construire les étapes d’un vol qui partira du Poupet et ira jusqu’à Grenoble, en évitant (autant que possible) les TMA de Genève et Lyon. Qui m’aime me suive !