Sujet : Ford mustang 350 GT
Cherchez pas, vous n'en verrai pas en France! "trop chère", me dit le p'tit gars qui m'a pris en stop quelques kilomètres auparavant. On s'arrête devant chez lui, et on change de véhicule. c'est comme ça en suisse: ils connaissent pas la pénurie de carburant, la morosité, le chômage. Ils achètent deux voitures: une pour aller au boulot, et une pour aller faire un tour. Nous montons donc dans le coupé noir équipé d'un 8 cylindres en V de 4 litres de cylindrée, 350 ch, et nous prenons la direction de Morteau.
à ce moment du récit, vous vous dites: "il a du se tromper de forum, Raph, parce que nous on s'en fout des Ford Mustang, ce qu'on veut c'est savoir comment, à quelle altitude et par où!"
Ah oui, bon excusez. faut dire, c'est pas banal de monter dans une Ford mustang dernier cri! Alors que poser en Suisse à 88 km du poupet, ben, je l'avais déjà fait en mieux l'année dernière alors... hein, je deviens insultant?! Oups, x'cusez moi, je vais faire attention à ce que je dis.
Donc, nous montons tôt avec Joce. L'arrivée d'un front par l'ouest, la baisse de l'isotherme 0°, la masse d'air potentiellement instable (29° au sol; 12° à 1500, soit 17° d'écart pour 1500m, donc plus de 1° de baisse par 100m) et 15 Km/hr à 1500m, ça augure un beau cross. Encore faut-il ne pas voler plus vite que la masse d'air!
celle-ci a du passer une mauvaise nuit, parce qu'elle ne se réveille pas vite. à 13hr30 sur le site, Max oscille entre 20m au dessus et 20 m au dessous. Je déplie pour la forme, puis je m'assieds par terre. Joce est un peu plus impatient, preuve qu'il est encore très jeune! Mais après gonflages peu engageants, il se déharnache et allume un clope, preuve qu'il s'est remis à fumer. Max se repose. Il fait un peu la gueule: ce p'tit gars a de l'avenir!
Nous finissons par décoller, il doit être un peu plus de deux heures. Après quelques passages laborieux et quelques 360 devant la pointe sud ouest, je craque en voyant ce cumulus à l'aplomb des chamoz, qui ne se décide pas à venir vers nous! "si tu ne viens pas à Lagardère, Lagardère ira à toi" disait le Bossus! soit, j'applique la même méthode. Je finis par croiser un petit plus; virage: tiens mes deux compères m'ont emboîté le "pas". Nous faisons deux tours dedans mais ça ne monte pas comme je l'espérais, alors je pousse le barreau et tire sous le nuage. Quelques secondes plus tard, la voile se cabre et j'entends Max pousser un "Yepee" de bonheur. Deux tours plus tard j'observe les extrados des deux Oméga! kécekicepas? Je monte et pas eux! on était pourtant au même endroit! La journée promet donc d'être pleine de surprises. Je me concentre donc sur mes plumes, recentrant dès que je le peu pour ne pas laisser passer le noyau. petit à petit les mètres s'affichent, et la dérive m'amène au dessus de la croix de poupet où le thermique s'accélère enfin. Petit coup d'oeil à mes camarades: Joce a glissé dans la combe sud et Max galère devant l'ouest.
Je pars en transition sous le prochain cum au nord de cernans. Thermique, virage, recentrage... mais où est le centre? ça monte partout et nul part. Impossible de trouver une zone ascendante bien délimitée. Peut-être suis-je trop exigeant. Joce m'a rejoint par dessous. Il monte bien, un peu plus à l'est que moi. Tout en continuant à chercher, je le surveille, prêt à le rejoindre s'il arrive à ma hauteur, et c'est ce que je finis par faire. Nous enroulons jusqu'au plaf, vers 1900 et joce montre de l'impatience à avancer. Moi, je temporise. Il y a un grand trou de bleu sur levier, et dieu sait comme je me méfie de ce trou à rat! Je préfère attendre que quelques cumulus s'ouvrent sur le chemin, et si ça pouvait passer d'un côté ou de l'autre de ce satané village ça m'arrangerait bien! En plus, mon cum se porte à merveille, il s'étire doucement en direction des prochains cums, et Max qui a fini par s'extirper du Poupet est en passe de nous rejoindre.
Joce craque. Il met plein badin sur levier et je le perds de vue rapidement. Encore quelques virages, Max n'est plus bien loin, il enroule. à mon tour je pars, sur de passer Levier suffisamment haut pour peut-être accrocher le cum qui s'est formé au dessus de la zone industrielle. ça raccroche et je monte pas trop mal. Je vois alors Max qui transite sous moi. Il n'a pas fait son dernier plaf, et il n'est pas très haut mais il enroule à son tour. En l'observant, j'aperçois alors une longue tâche bleu dans un champs. Oups, Joce est posé!
Je m'applique dans le thermique. La fumée à la sortie de Levier, qui montait plein ouest vient de pivoter Sud ouest. Max vient de perdre son thermique et part le chercher face au vent: il pose à son tour. Je décale en sud ouest et sans le vouloir croise la fumée associée à une belle ascendance. Je finis mon plaf et prend la direction d'Evillers. Le ciel est plutôt bleu, les cumulus semblent tous en fin de cycle, ça sent la vache! Je décide de rejoindre l'aplomb de la crête d'Amathay. La masse d'air est bien porteuse et puis, j'étais passé par là l'année dernière lors de mon vol de 115 Km vers la suisse. ça porte, mais ça monte pas. J'insiste en direction de Longeville et je me crispe de plus en plus à mesure que ça tombe. Se détendre. je me relâche dans ma sellette, tourne la tête vers Mouthier, et aperçois alors trois milans qui enroulent à une vingtaine de mètres de moi! Je n'avais rien senti et l'aile non plus. Virage et je chope l'ascendance au dessus du plateau de Laproz. Je remonte en dérivant, à environ 1700m. surtout ne pas le perdre... perdu. Pas de cum vraiment formé, sinon au sud de ma route sur Evillers! Génial. Je prends l'axe de la vallée de Mouthier Haute-pierre, pensant attraper les thermiques qui sortiraient du verrou, mais la masse d'air ne m'encourage pas dans cette direction, et je fini par mettre le cap sur Aubonne où j'arrive bas. je me cale entre le clocher et la petite crête pour un dernière exploration et le thermique m'attrape. celui-là je peux pas me permettre de le foirer. Je fixe mon regard sur le bord de fuite de mon aile histoire d'oublier la dérive et les repères sol et enroule comme ça sur 500 m, m'appliquant à avoir le virage le plus régulier possible, anticipant les poussées sur la plume intérieure afin de ne pas me faire jeter, recentrant au frein extérieur dès que la sensation est bonne. Sauvé, cumulus en prime pour se recentrer, ça faisait longtemps que je n'avait plus vu une vrai base!
La suite du vol est plus facile. Un cycle vient de se mettre en place, qui m'amène facilement au Mont Vouillot. à partir de là, je saute de cums en cums mais toujours en remontant au nord ouest pour aller chercher le cum suivant. Je longe ainsi la vallée du Doubs et la CTR de la Chaux de Fond jusqu'à Fournet Blancheroche. J'ai un petit pincement au coeur, car sans cette CTR, le Chasseral était largement gagné, vue le cum qui surplombe l'antenne à la sortie de la ville! Mais je n'ai pas le coeur à provoquer les autorités locales!
Je passe en Suisse et vise un village (les Bois) surplombé d'un beau train de cums. J'y vais à finesse max, car le soleil commence à être bas et je doute de la puissance de la prochaine ascendance. je trouve un petit zéro+ qui me dérive vers un relief arrondi planté de superbes éoliennes. Plusieurs fois, je suis tenté de remonter face à la dérive car je sens l'aile qui tire et le cum qui est au vent de ma position semble se réactiver mais je me dis qu'il est tard et que un "tiens" vaut mieux que deux "tu l'auras".
malheureusement, je perds l'ascendance à 1500. je pars vent de cul mais ne trouve que des miettes et le relief trop arrondi pour espérer s'appuyer dessus se rapproche avec ses vaches, ses sapins et son absence de civilisation (entendez route et véhicule). Je fais demi tour au dessus de Cerneux Vesil Dessus et me pose près de la seul route digne de ce nom. Il est 18hr30. au dessus de ma tête, la masse d'air s'est réactivée. Il reste une heure et demi de vol à 20 Km/hr de moyenne. Je suis à 88 km du Poupet. Faites le calcul!
La suite, vous la connaissez. Elle est la même, qu'on pose à Levier où en Suisse! pliage, marchage, poussage, souriage, gesticulage, supliage, insultage, doigt d'honneurage, et oh, si il s'arrête çui là! tiens, ben je vais lui dire non, juste pour le faire chier, na. Et puis on se reprend, on monte dans la voiture, on dit bonjour, merci et puis on raconte qu'on fait du parapente, que la journée était belle, on explique les thermiques, les oiseaux, les copains qui posent avant (z'ont pas eu d'chance) le plaisir des rencontres sur le chemin du retour quand un de ces crétins d'automobilistes daigne s'arrêter. Et puis le portable sonne, Agnès me demande où je me suis encore caché. Alors je prends ma voix de caliméro et j'explique que devant l'indifférence de la race humaine, je me vois contraint de trouver un lieu où dormir, dans la nuit et la froidure de ce 16 Juillet. Devant ma détresse (non feinte!) un élan de solidarité se met en place. Toute la maisonnée s'active pour me récupérer au plus vite avant que le froid et l'humidité n'aient provoqué d'irréversibles dégâts sur ma plastique. à minuit, je suis de retour à la maison. Un kebab m'attend dans le four et il y a des bières dans le frigos.
Je devrais être un homme heureux!
Dernière modification par raph (18-07-2008 12:06:14)