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Sujet : Passer pour la première fois les 100, approcher les 200...

J'aurais pu vous raconter ici mes premiers 100 kms (121 kms), vol qui fut magnifique, mais je préfère vous parler de celui où j'ai approcher les 200, 197 kms (scoring Cargol, 193 kms scoring CFD en triangle) exactement. Non parce qu'il est le plus long mais tout simplement parce qu'il est le plus beau ! Pour ceux qui souhaiteraient voir la trace GPS, je la mettrai sur le site CFD (même si le vol ne sera pas validé car il s'est déroulé dans le cadre de la compétition Cats Craddle). Juste pour mémoire... La voilà: http://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/2009/vol/2197
Ce début de printemps est tout simplement fou, hors normes. J'ai rencontré ces dernières semaines des conditions telles que je n'en avais jamais connues, mis à part lors de quelques vols pyrénéens. Des conditions où tout est permis, où le vent ne contrarie rien, où les thermiques vous envoient sous de petits cumulus à l'apparence ouatée, peu développés, à des altitudes plus que respectables.
Le 10 avril, compète A de St André. 80 kms en 2h27, 10m/s, 3400m...
S'est suivie une semaine d'entraînement avec pratiquement chaque jour 4h de vol et de jolis parcours...
Le week-end du 17-18 avril, 2 manches lors de la A de St Hil, 70 et 60 kms...
Le lundi 19, 121 kms à travers les Aravis, Les Bauges et les Bornes...

Et vint LA journée du Mercredi 21 !
La veille, peu contents de notre vol du jour, nous faisions, Laurie, Gaëtan, Arthur et moi, des plans sur la comète pour le lendemain, accoudés sur la terrasse d'une magnifique maison au bord du lac d'Annecy, le soleil déclinant derrière le Semnoz. Au vue des prévisions, je pensais réellement qu'un 200 kms était réalisable. Mais il allait falloir voler vite pour exploiter au mieux la journée mais aussi et surtout rentrer dans les horaires imposés par la compète. C'est ainsi que je m'endormis, l'ordinateur encore allumée, Google Earth encore actif, et la calculatrice à la main pour me donner une idée de la moyenne de vol à avoir et les heures auxquelles il faudrait que je sois à chaque point clé.

Le lendemain, au réveil, l'excitation est déjà à son comble, un ciel bleu éléctrique nous nargue, synonyme la plupart du temps d'une bonne masse d'air, fraîche (Nord) et donc instable. Seul bémol, un voile de cirrus semble lui aussi vouloir jouer...

En route pour le PC course. Déjà les faces est de la Tournette, du Roc des boeufs, du Charbon se décorent de quelques belles nuelles ! Il est 8h20...


Petit briefing de Monsieur Patrick Berod. Il prend la décision de nous laisser une demi heure de plus que ces derniers jour pour boucler nos parcours. La Deadline sera donc à 18h, ce qui nous laisse esperer 7h30 potentielles de vol, heure à laquelle nous devons être rentrés au but pour bénificier d'un maximum de points. Mes chances de bien figurer sur cette compète sont déjà un peu lointaines, après avoir pris des Kms dans la vue les deux premiers jours. Mon objectifs est donc de claquer un gros vol et de pourquoi pas gagner la manche, tout simplement.

Les navettes se remplissent et nous montons au déco du Méruz, situé sous le Charvin, à l'extrême pointe sud de la chaîne des Aravis. Le cadre est enivrant, les faces est sont majestueuses, magnifiques tremplins pour les départs matinaux en cross. Je déplie ma fidèle compagne, ma petite U4 qui m'accompagne maintenant depuis ce début de saison et qui est l'efficacité incarnée. On va encore se faire un beau vol ensemble... Préparation, concentration, dernière répétition des horaires, des cheminement et...

Musique maestro ! C'est au son Rock que je décolle à 10h20. Les conditions sont déjà installées, pas de craintes à avoir du trou. Il faut se hisser au niveau des crêtes pour ensuite sortir aisément. Chose faite dans un joli +3 qui met tout de suite de bonne humeur. A 2300m, toujours pas au plafond, je me sens assez haut pour transiter sur la dent de Cons, déjà accéléré de moitié. Les longs cross impliquent de gagner du temps sur les parties aisées. Les faces est des Bauges en font partie.

La dent de Cons est sans problème, trois tours en thermique pour se mettre à cheval entre face Sud-est et face Nord-ouest (petit nord ressenti) et c'est en confluence que j'avance. Je ne m'arrête même pas au col de Tamié et continue en direction de la fameuse dent d'Arclusaz, collé sous les cumulus à 2600m. Les réputées turbulentes faces est des Bauges sont aujourd'hui comme apaisées, marque d'une journée extraordinaire. Avec Joen, nous tirons le train train des quelques compétiteurs à des vitesses supérieures à 45 km/h. Une seule obsession, gagner du temps... La dent d'Arclusaz est maintenant sous mes pieds et je continue tout de go en direction du Charvet au-dessus de Montlambert... Je loupe le cycle de Joen et prends le prochain. 2800m au nuage, il est 11h20...

En compagnie de trois autres compétiteurs, je tansite au-dessus de la Savoyarde, verticale la croisée des vallées du Grésivaudan (Grenoble), d'Alberville et de Chambéry, avec en point de mire la chaîne de la Chartreuse. C'est directement la face Sud-est du Granier qui m'accueille, chaleureusement, à 6m/s, me propulsant 2600m au-dessus de l'autoroute (ou la parapentoroute...) des face est. Il n'y a plus qu'à apprécier le ride. Enjoy the ride de Morcheeba est d'ailleurs la chanson qui défile à ce moment précis dans mes oreilles... drôle de coïncidence...

Je suis devant, menant une vive allure, dont profitent les pilotes qui suivent. J'accélère au maximum, sur des faces est, plus turbulentes que leurs voisines Baugiennes, mais haut ce n'est pas un problème. Je laisse la Dent de Crolles, toujours aussi impressionante pour un parapentiste venant des plates régions, sous mes pieds et je me dirige vers le St Eynard. Aucune difficulté et c'est avec une confortable avance de 40 min sur mon planning que je tourne le fort. Il est 12h50... (c'était la branche la plus Austral de notre cylindre de navigation durant la compétition)

Demi-tour... je pensais être contré. Il n'en est presque rien. Je sentais pourtant que nous étions quelque peu poussés à l'allez... C'est aussi ça le coktail des belles journées, de jolies surprises ! Et je ne m'en plaindrai pas, c'est bon pour la moyenne horaire. Quelques tours de thermique sur les gros dénivelés de la Dent de Crolles, au-dessus de StHilaire (pour ceux qui n'auraient pas encore situé), et je repars en ligne droite. Je suis rejoins par un Anglais, grand crosseur, Tom Payne. Il me prend le relais et impose à son tour le rythme. Pas de problème avec ma petite U4 qui tranche l'air. Au Granier, je bascule sur la face ouest pour prendre le thermique mais il est mou. Je ne compte pas m'attarder ici, je suis à 2500 ( il y avait 2750 m de plaf sur la Chartreuse ce jour), j'ai un planeur, Je transite sur le Montgelas (Face N de la Savoyarde). La transition ne sera pas forcément très porteuse et j'arriverai à 870m de l'autre côté, seul point bas du vol.

Je coince le thermique après 3-4 minutes de soaring. Il me remonte à 2000 en compagnie de vagabonds des airs, tout comme moi. Cela est suffisant pour transiter en Bauges, sur le Margériaz que je raccroche aisément. Je suis enfin un peu seul, c'est aussi ça la joie du cross, réfléchir par soi-même, prendre ses propres options... La face sud me sattelise à 2800m dans du 8m/s, très homogène, le rêve à l'état pure, renforcée par l'arrivée de l'atmosphère ouatée des barbules. Un peu moins le rêve quand je vois des planeurs passer plein badin à côté... Je fais donc le tour du nuage pour éviter de perdre la visibilité. Et pour la première fois du vol, j'ai un doute sur mon itinéraire. Est-ce que je fonce au Semnoz par le Revard (je pensais que cela allait me rajouter de la distance mais il n'en fut rien...) ou est-ce que je trace vers le Roc des boeufs ? Je prends la première option, j'ai encore le temps de me ballader... Je prends la confluence de vallée entre face W du Margériaz et la face E du Revard qui me permet de basculer sur ce dernier. Ici je n'y suis passé qu'une fois, en compagnie de Charles, Myriam, Yann, Laurent, Yves... lors d'une sortie que nous avions faite à Annecy, direction la croix du Nivollet (avec ma p'tite Epsilon 4).
Quelques pilotes vraisemblablement partis de Verel ou du Sire semblent prendre la même direction que moi. Thermique au bout du Revard, 2100m, je transite directement sur le Semnoz. Au-dessus du déco, je prends un joli thermique qui m'emmème aux alentours des 2500m, assez pour retransiter sur le Roc des Boeufs.

Celui-ci n'est pas très enclin à me satteliser aujourd'hui. Il ne faut pas mettre la charrue avant les boeufs sinon il se met en colère... Je pars donc au niveau de la crête direction le décollage de Montmin. Sans problème, je raccroche à 1200 dans la brise du Lac. J'avance sans enrouler sous les Lanfonnet puis les dents de Lanfon. Celles-ci ne m'ont jamais déçu et ce n'est pas aujourd'hui qu'elles le feront. +6m/s jusqu'à 2900m. Je quitte volontairement le thermique, direction le Parmelan. Celui-ci aussi est toujours généreux. J'y retrouve Laurie après 180 kms de vol, totalement euphorique ! Il nous sattelise dans du gros, 9m/s avec de forts instantanés à 3100m. Nous avançons un peu au N. Voici ma deuxième erreur (stratégique) du vol, après celle d'être allez au Semnoz qui n'a rien rajouté à mon vol, à part une perte de temps. Je n'avance pas assez au Nord pour grappiller les 3 kms qui auraient fait 200. En fait, je pensais qu'avec cette branche au Semnoz il n'y aurait aucun problème pour les 200. Je n'allais donc pas chercher midi à quatorze heure... la deadline se rapprochant...

Demi-tour, je reprends la même mine, voir plus fort, jusqu'à 3200m... Que bueno ! Je ressens un sud plutôt marqué (au moins 10 km/h) cette fois-ci.
Pour cette fin de vol, je décide d'un retour par les Aravis en face W, sorte d'apothéose du vol face à la haute montagne, le soleil déclinant, après ce vol de fou ! Je ne pensais pas que ce serait aussi stressant....

Je quitte donc le Parmelan, survol son plateau encore bien en neigne, puis la face W du Lachat de Thônes. Magnifique avec cette couleur rosée du soir. Je survole le Grand Bornand, où je refais 2500 m tranquillement, direction le col des Aravis en face W. Les faces sont très impressionantes, abruptes, elles ne peuvent être que généreuses... Mais ne sachant trop pourquoi je ne m'en rapproche pas assez et je ne profite ainsi pas totalement de leur influence... La fatigue ? Le manque de lucidité après 7h de vol ? peut-être, surement...

Je passe un premier col, avec 150m de gras, le sud me contrant en plus... Je plane maintenant en-dessous du Charvin (de là où je suis parti ce matin en face Est), au-dessus d'Alpages inondés de soleil, de névés, de choucas jouant dans la brise le long des abruptes falaises, quelques chamois... c'est beau, très beau mais je suis stressé. Il me reste un dernier passage à forcer (j'en ai pourtant forcé si peu durant ce vol...). Les posés ne peuvent se faire qu'en Alpages (ce qui implique de nombreuses heures de marche pour redescendre), en aucun cas plus bas ou il n'y a qu'arbres et sous le vent... Je pousse ma machine à fond sans jamais relâché pour forcer face au vent et à la brise... Et je passe avec même un peu de marge. Magnifique fin de vol ! Je débouche 1200m au-dessus de la vallée de Marlens. Je me laisse aller, je viens de faire le plus beau vol de ma jeune carrière tout simplement ! Je ne pense même pas à aller faire une branche sur la face W de la dent de Cons pour allonger... non...

On ne pense plus à cela quand on revient d'un cross comme celui-ci. La sensation est proche de la béatitude et le calcul de telle ou telle chose n'apparaît même plus à l'esprit. On essaye peut-être juste de réaliser...

Ce n'est qu'une fois au sol, après que l'on vous ait annoncé 197, que l'on se dit: "Merde, j'aurais pu faire un effort..." Mais faire la gueule après un tel vol serait vraiment mal venu.

Et pour finir, je dirais que cela laisse un objectif, celui de faire plus de 200. Ce qui se résume à vouloir toujours, toujours faire mieux. Car si l'on ne cherche à dépasser ce que l'on a déjà réalisé par le passé, alors il faut s'arrêter car vous n'irez jamais plus loin !
Mais ça, ce n'est pas demain la veille, c'est moi qui vous le dit !

Bons vols à tous et que les cumulus soient avec vous !!!

Max

Dernière modification par Max (01-05-2010 22:52:52)

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Re : Passer pour la première fois les 100, approcher les 200...

un maitre....  ..tu est un maitre!! continue plus fort et plus loin encore mais surtout continu à nous écrire tes récit qui font plus que rever et nous poussent nous aussi ( a notre niveau) à aller plus loin..
MA-GNI-FIQUE!!!!  HALLUCINANT!!!!   .... .. .
  t'es un oiseau mec!
a plus sous un cumulus... .. .

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Re : Passer pour la première fois les 100, approcher les 200...

A fond , à fond ; à fond....................supermax!!!!!!!

Humides les cums Alsaciens Guigui???????????

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Re : Passer pour la première fois les 100, approcher les 200...

Salut Max, encore un recit comme cela et tu vas vraiment faire BAVER notre Guigui.....Bravo tres beau vol. A bientot de te revoir..S

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Re : Passer pour la première fois les 100, approcher les 200...

l'expression "assurer un max" n'a jamais été si adaptée !
chapeau bas !
et en plus il écrit bien cet animal

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Re : Passer pour la première fois les 100, approcher les 200...

Bauges, Revard, Chartreuse,
c'est des endroits que je connais par coeur...
sur mes 4 pneux  ! :-(

Putain, ca fait rêver...
et non ce n'est pas de la chance, juste un cocktail de réflexion , d'humilité et d'entrainement.

Chapeau.

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Re : Passer pour la première fois les 100, approcher les 200...

Salut Max,
C'est un très beau récit débordant du bonheur d'avoir frolé les 200 bornes. Je vois qu'après quelques débuts hésitants l'U4 est devenue désormais ta meilleure amie. C'est super, nous sommes heureux pour toi.
Connaitrais tu Max un pilote intérressé par une Icepeak 3 24 couleur orange, PTV 95 kg / 50 heures de vols maxi, vendue avec le suspentage en état. Prix 2000 euros. Si cette Icepeak pouvait vivre les memes vols que tu décris ce serait le plus beaux des kdo qu'on pourrait lui faire.

Avec Rapha, on est tous CHARLIE...

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Re : Passer pour la première fois les 100, approcher les 200...

Bravo Max,

133 km, il fallait le faire !!!

... ben oui, tu crois quand même pas qu'on va compter l'aller-retour Granier-Saint-Eynard, c'est comme si tu comptais la montée en télésiège dans une compétition de ski de descente !

Max a écrit:

Je déplie ma fidèle compagne

Heureusement qu'ils font pas encore des ailes gonflables, ça aurait pu prêter à confusion ...

Max a écrit:

Ici je n'y suis passé qu'une fois, en compagnie de Charles, Myriam, Yann, Laurent, Yves... lors d'une sortie que nous avions faite à Annecy, direction la croix du Nivollet (avec ma p'tite Epsilon 4).

Et t'as oublié Seb. Tu cherches vraiment des problèmes, toi !
Et tout ça grâce à Yann. Tu pourras lui payer une bouteille, pour la peine ... ou une U4 !

Allez, un peu de nostalgie avec ta belle Epsilon rouge : http://picasaweb.google.com/le.bandit.d … 8264464082

(je me suis permis de rajouter quelques photos de toi, comme ça, les gens qui te connaissent pas te reconnaîtront mieux dans les journeaux. Au fait, t'as été chez le coiffeur depuis ?...)

C'était bien, quand on faisait ... 15 km, hein ? On était tellement content !!!

Dernière modification par Le bandit démasqué ! (03-05-2010 14:55:38)

On m'appelle Hoover ... comme les aspirateurs !

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Re : Passer pour la première fois les 100, approcher les 200...

Salut,
Cette enflure de Bandit, il a osé ressortir ces photos. Mais je tiens à dire que je suis allé chez le coiffeur, et qu'en plus ces photos datent !!!! enfoiré va !
Et d'abord, j'ai fait 197 et pas 133. Tu verras que dans les plus grands vols réalisés, il y a toujours une partie de crête à mouettes !
Pour l'instant Agnès je ne connais personne qui serait interessé mais je pourrai en parler autour de moi ! Pas de problème.
J'espère qu'il n'y a pas trop reneigé chez vous ! Je ne peux pas encore voir l'étendue des dégâts sur les montagnes pour le moment car elles sont encore dans les nuages.... screugneugneu !
Voilou !
A+ et Charles, tu payes rien pour attendre !!
Bons vols !

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Re : Passer pour la première fois les 100, approcher les 200...

couper les cheveux...

Faut le dire vite! tongue