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Sujet : Les Rousses, y en a marre ! vol du 21 juillet

Je sais, vous allez encore dire que j’exagère, et pourtant ! Imaginez : vous êtes au rousses, entre le lac et le mont pelé, dans un +6 intégré avec des pointes à +8, catapulté à un peu plus de 2000m, et là, vous avez la petite voix d’Agnès qui dit « veux-tu bien descendre ! tu est dans la TMA de Genève ! » Entre la CTR de la Chaux de Fond, la TMA de Genève et la R45 et ses mirages au radar, y a de quoi poser le parapente et se mettre au kite surf !

La dole, c’est donc barré, parce que faire du rase-pelouse (en parapente, hein !) jusqu’ à Bellegarde, avec certains passages peu engageants entre le col de la Faucille et l’Elex, pas envie. Et puis, Bellegarde, j’ai déjà fait ! ça fait 100 bornes, OK, mais c’est un cul de sac : le jeu n’en vaut plus la chandelle. Je tente donc de traverser le plateau des Rousses en direction de Longchaumois, et là je dois me rendre à l’évidence que ces grandes cuvettes genre Levier, Quingey ET les Rousses, ont un point commun : ça descend !! et plus ça descend, plus la brise devient sensible et me pousse en direction de la Dôle, ses sapins, ses terrains défoncés et rocheux et son aérologie mode essorage. Que faire quand on se fait brasser à 50m sol ? et bien, on s’installe confortablement dans la sellette, et on pilote comme si on était au plaf. On se laisse porter, dériver, on lève les mains quand ça cabre, on baisse les mains quand ça plonge devant, et si ça se met à dégueuler très fort, on relève les mains pour pas décrocher. Ça dure deux, trois minutes, trop longtemps de toute manière et puis d’un coup, ça plombe, ça accélère et ça pose… vivant ! C’était mon dernier vol au rousse, na !
À partir de maintenant, c’est Pic de l’aigle, Oyonnax direction Grand colombier ! aller je fais ça demain !

Cela dit, quel vol ! ça a commencé tout doucement : masse d’air très instable mais humide, tellement humide, que les cum s’étalaient et bâchaient le ciel. Vent faible au nord, juste de quoi tenir. C’était bien parti pour ne rien faire. Nous décollons avec Max et Adrien, il est un peu plus de deux heures. Nous prenons une cinquantaine de mètres, un peu plus et Max commence déjà à agacer l’accélérateur. Heu, doucement, c’est pas du plus 5 devant, tout juste un zéro. Nous finissons par glisser en direction de la côte. À Marnoz, une fumée monte doucement entre deux maisons et un petit coin de soleil apparaît. Je glisse en me laissant flotter autant que je le peux. Max glisse à l’est de ma route.  Lorsque Je trouve une petite ascendance au dessus de la fumée, il essaie de me rejoindre mais la Sigma n’est pas l’Omega et, 50 mètres plus bas, il n’arrive pas à reprendre et se pose. Je passe les 1000 m, décalé en Ouest. Le soleil a disparu sur la côte mais apparaît sur Clucy. Après une hésitation, je met le cap sur salins. Je reprends un thermique à l’aplomb de la ville : heureusement, je regarde la crête par en dessous, même pas sur de rejoindre l’atterro ! Le thermique est sain. Il communique bien, facile à délimiter malgré une certaine dérive.

Je lève la tête pour prendre des nouvelles du front : argh ! Nico Oudot enroule plein badin derrière le Poupet, pas très loin du plaf !je quitte mon ascendance et prends la direction du déco pour essayer de trouver la pompe de service. Ça monte mais pas tant que ça. Je reviens sur Salins, essaye de me caller par rapport à la partie la plus sombre du nuage. Je retrouve l’ascendance. Ça monte bien, sans plus. J’évalue la dérive, histoire de ne pas ressortir trop souvent au vent du thermique. J’ai toujours du mal à dériver le thermique quand je suis bas, alors je sors la technique habituelle : regarder l’aile et oublier le sol.
J’arrive enfin au plaf, derrière Salins en direction de Thésy. Le plateau est au soleil jusqu’à Andelot. Après, une immense ombre projeté par un gros cum étalé sur la forêt de Valempoulières grève sérieusement les chances de continuer le vol. Nico est parti plus à l’ouest en direction de Villers sous Chalamont. Il y a un cum mais ensuite, il va devoir changer de route car c’est bleu. Moi, je commence ma longue glissade en direction de la forêt de la Joux. Passera, passera pas ? passera pas ! je longe la forêt, me fais tout petit dans la sellette, pas d’accélérateur, juste détrimé, en espérant glisser jusqu’à la zone au soleil sur le Latet. Au dessus de Chapois, un petit vario me fait tenter un 360. ça monte tout doucement. Deuxième tour, puis un troisième. La dérive, le ciel, la voile. Ça me pousse doucement en direction de les Nans, au milieu de la forêt, où le soleil fait une percé. Surtout ne pas se précipiter. Laisser couler dans l’ascendance en attendant l’invitation à se jeter. Je perd le thermique, lève les mains. L’aile accélère et peu de temps après, la masse d’air m’attrape et me soulève : c’est parti. Derrière, le plateau de Nozeroy est au soleil. Une rue de cums se forme jusqu’à Chapelle des Bois : un autre vol commence. Accélérateur, quelques tours pour refaire le plein en arrivant sous un nouveau cum, j’arrive assez vite à Bois d’amont, où je suis face à un nouveau choix : remonter en direction de la dent de Vaulion, ou descendre sur les Rousses. Le flux est Nord ouest en altitude, mais ouest sud ouest en basse couche. J’hésite ! d’autant qu’il n’y a pas de cums en direction des Rousses. Puis la brise change de direction et devient nord (les fumées) et des cums se forment. J’opte pour le sud. La suite, vous connaissez !

C’était une sacrée journée ! Il fallait juste ne pas partir trop tôt et ne pas s’enflammer. Nico Oudot pose à Bief-du-fourg. Eric qui décolle à 18 heures fait un vol TGV jusqu’à Mouthe en à peine plus d’une heure. Du coup, je suis une fois de plus récupéré par la famille Chauvin. Le retour s’effectue sans souci grâce au GPS routier d’Agnès qui nous offre une visite touristique des plus beaux paysages du jura ! (mais je serais bien impoli de me plaindre !). Et pour finir la journée, séance Quad nocturne par le sentier du Poupet pour aller récupérer ma voiture. Les poignets détruits et le fondement tout bleu à force de cogner sur le porte bagage, je retrouve le déco nord alimenté d’une bonne brise et son paysage nocturne féerique : la plaine scintillant de milles feux offre un tableau extraordinaire. Je m’en grille une !

Nul doute que cette journée viendra peupler mes rêves lorsque j’irai dormir de mon dernier sommeil.

Quand t'as un p'tit moteur, tu cours pas les 24hr du Mans, mais tu peux quand même partir en vacances au bord de la mer!