Sujet : Brésil 2017 : que du bonheur !!!
Comme d’habitude, je n’allais pas vous laisser sans quelques photos et un petit débriefing de mon stage cross au Brésil au mois de septembre !!! mais bon, vu que c’était vraiment pas le moment de s’absenter du boulot, il a bien fallu rattraper les heures perdues …
Vous penserez certainement que la participation à une manche de coupe du monde comme préalable propédeutique à la pratique du cross relève d’un snobisme particulièrement opportun quand on termine dans les profondeurs du classement, et vous aurez sûrement raison (cette introduction est uniquement destinée à me mettre dans la poche un éventuel lecteur égaré sur ce forum oublié et englouti dans les tréfonds d’un hangar climatisé rempli de serveurs informatiques à la solde des GAFA).
Néanmoins (adverbe délaissé que vous pourrez à l’envi et selon votre rang social ou professionnel remplacer par "cependant", "par contre" qui n’est "cependant" pas très français, "je vous arrête tout de suite" pour les plus virulents, "objection votre honneur" pour les fans de série télé ou "ta mère la pute, tu m’prends pour un bouffon" pour les futurs étudiants en lettres modernes), c’est pour cette seule et unique raison que je me suis mis à faire de la compétition de parapente un jour de janvier 2010 lorsque Joce m’avait intimé l’ordre de me rendre en Colombie parce qu’il avait peur de demander à sa femme d’aller voler quelques jours en Andalousie … moi, par chance, j’en étais débarrassé (pas de la sienne … de la mienne) et j’ai donc obéi (mais comme vous le voyez, je n’étais pas encore complètement guéri …).
De fil en aiguille dans une botte de sept lieues, j’ai fini par obtenir quelques résultats usurpés dans des compétitions de seconde zone qui m’ont ouvert, presque par inadvertance, les portes de la coupe du monde alors que je ne suis même pas capable de suivre mes camarades dans un petit tour des Bauges !!! Là, je dois remercier les nombreux pilotes qui le méritent plus que moi, mais qui ont une conscience professionnelle plus honorable que la mienne et une femme dont ils n’ont pas encore réussi à se débarrasser (stop ! je vous arrête tout de suite : ce serait totalement anachronique et irrespectueux d’inverser les compléments d’objet !) de m’avoir laissé leur place ! (ça, c’était juste pour terminer ma phrase après une interruption parfaitement déplacée de votre part !).
Peu importe, fidèle à mon appareil photo et à mon casque école, pourquoi ne pas poursuivre cette initiation dans les plus hautes sphères du vol libre quand la possibilité de côtoyer les meilleurs pilotes de cette planète s’offre à moi ? et quels meilleurs moniteurs qu’un aréopage aérophile (mais pas nécessairement aérophage) de champions du monde de vitesse ou d’acro, de recordmen de distance, et de pilotes de X’Alps ?
Seulement voilà, la coupe du monde, c’est pas la grande Troménie de Locronan, personne n’est là pour chanter l’Ave Maris Stella à chacun des 44 reposoirs ou chaque fois que son GPS bipe au passage d’une station … enfin, d’une balise. L’objectif n’est pas (ou plus, devrais-je dire) de faire du tourisme … sauf pour moi, et quelques égarés qui sont ébahis de pouvoir prendre le départ d’une course de formule 1 derrière, et même parfois devant Alain Prost et Ayrton Senna (lorsque les circonstances font un concours entre elles pour se foutre de la gueule du théorème de Bayes !!!).
La coupe du monde ne supporte pas le dilettantisme, et c’est pas de chance, parce que moi, le dilettantisme, c’est ma spécialité, mon fonds de commerce, l’inaccessible étoile que chantait si bien Brel (pourquoi inaccessible d’ailleurs ?), une philosophie qui verserait volontiers dans la religion face à cette société productiviste qui n'accepte plus l’inanité revendiquée comme projet de vie !!! (d’ailleurs, cet article n’est-il pas la preuve écrite de cet engagement assumé ?… ).
Enfin bref, quand on n’y va pas le barreau d’accélérateur entre les dents, il ne faut pas s’attendre à faire des miracles. La motivation et l’esprit de compétition sont nécessaires (… mais pas suffisants), et lorsqu’on en manque cruellement (par présence d’esprit et lucidité), rien d’autre ne peut suffire. Je pourrais disserter sur la finesse de mon aile qui n’est plus au niveau d’une telle compétition, mais la vérité est beaucoup plus simple : ils vont beaucoup trop vite pour moi !!!
D’une part parce que ça prend du temps de faire des photos, et d’autre part parce que je n’ai ni la motivation nécessaire pour optimiser mes vols, ni aucune illusion sur mes capacités à concurrencer les meilleurs. A ce niveau, plus de place au hasard. Certes, vous monterez en thermique aussi vite que les autres, mais vous le quitterez un demi-tour trop tard (enfin, plutôt deux ou trois en ce qui me concerne …), vous attendrez d’être rentré dans le cylindre pour entamer votre virage alors qu’ils ont tous bifurqué à 0.5% du diamètre avant, et vous prendrez une valise à chaque transition parce que le paysage est vachement plus beau à regarder que votre vitesse sol, que votre gps a encore glissé et qu’il faut aller le chercher au fond de votre sellette pour savoir dans quelle direction aller, que votre aile date effectivement du siècle (parapentesquement parlant) dernier, et que la seule idée que vous inspire le pilotage à l’accélérateur est que cela rentre dans la catégorie des substances à consommer avec modération.
Ce postulat intégré, autant passer sa semaine à profiter de vols magiques dans un environnement idéal pour le cross, c’est-à-dire des thermiques partout, des grappes de folie, une meute impatiente qui vous entraîne dans son sillage avant de disparaître dans la brume épaisse des cultures en brulis, et, cerise sur le gâteau, une navette qui arrive avant même que vous ne l’ayez appelée !!!
Après une semaine suisse en août minée par une météo compliquée, je pensais avoir tranquillement bouclé ma saison (avant même de l'avoir réellement commencée !) puisque j’avais même oublié l’existence de cette dernière manche en septembre … jusqu’à ce que j’aille traîner sur le site de la PWCA pour constater avec ébahissement (si, je vous jure !) que la place d’un autre m’était finalement échue. Après quelques centièmes de secondes d’hésitations dus à ma condition de sous-homme salarié en contrat à durée indéterminée (en plus clair : jusqu’à ce que mort s’en suive), j’ordonne à mon patron de croire au bon déroulement des affaires dont je m’occupe par procuration … et je finis par réserver nos billets, puisque Anne-Laure m’accompagne, trois jours avant notre départ (en gros … comme d’habitude !). On saute dans l’avion le vendredi … euh non, le samedi soir, après avoir pris le temps d’admirer le service de déminage en pleine action à l’arrivée à l’aéroport, servi de cobaye à un policier de l’air en formation, testé l’ensemble des navettes de transport de Roissy (dans les deux sens !) et nous être recueilli sur la tombe de Van Gogh pour patienter … la vie de sportif de haut niveau est une compétition permanente !
Peu importe (macache, on a raté le barbec de bienvenue à cause de ça !!! même s’il faut noter la magnanimité d’Air France qui ne nous aura pas tenu rigueur de cette scoumoune temporairement notoire …), 6 jours de cross ... pardon, de manches à 90 km de moyenne, des plafonds magiques, des conditions idéales, du soleil et des caïpirinhas à volonté, un petit vol à Rio avant de profiter d’une roda de samba sous la lune tropicale (vous enflammez pas, c’est la même que chez nous !), on y serait allés à la nage que ça aurait quand même valu le coup !!!
Pour le reste, vous êtes déjà au courant puisque j’ai sacrifié à la mode ancestrale des journaux intimes en direct sur Facebook, et ce au jour le jour, mettant en péril les incontournables séances de récupération mentale dont un athlète digne de ce nom ne peut s’affranchir dans le sport moderne, ce qui me coûtera bien évidemment une place qualificative pour Roldanillo en janvier. Mais peu importe, mon honneur de journaliste est d’avoir témoigné en direct des conditions inhumaines que subissent les pilotes de parapente sur des pistes en terre d’un autre temps dans le seul espoir de pouvoir décoller !!!
Que les jeunes (du club, c'est une consolation) qui vont me piquer ma place la saison prochaine ne l’oublient pas, le parapente, c’est du plaisir avant tout, et à ce jeu-là, je ne comprends même pas pourquoi ils m’ont pas sélectionné à la Superfinale, j’aurais ridiculisé l’Aigle d’Adelboden et la Tourterelle de Haute-Saône !!!
Sinon, si c’est pour faire la gueule parce qu’ils ont fait un tour de thermique de trop avant de se lancer dans le glide final … autant aller pointer tous les lundis matin à l'usine !!!
Bon, je crois qu’avec tout ce que je viens de vous raconter, vous visualisez assez bien le Pico de Gaviao … mais si vous aviez encore un doute, les photos sont ici :
https://photos.google.com/album/AF1QipO … dMSBvwWVPd
ou https://photos.app.goo.gl/z3Q91YqCyJbihkpA3
Dernière modification par Le bandit démasqué ! (30-11-2017 15:23:27)