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Sujet : Petit rêve de gosse

Allez petit (grand) récit de la journée d'hier. Pour suivre, la trace GPS est ici: http://paraglidingforum.com/leonardo/flight/599197
Désolé d'avance pour ceux qui n'ont pas pu se libérer...

"Petit rêve de gosse

Quand on est gosse, on a toujours ce genre de rêve qui entretient notre envie de progresser, notre envie de persévérer dans l'activité qui nous passionne.
Je crois que si l'on n'est pas capable de rêver en parapente, on ne va pas bien loin. C'est un sport tellement frustrant, qui donne quelquefois si peu en plaisir immédiat, qu'il faut assouvir nos désirs inassouvis par le rêve.
Le vol que j'ai fait hier, je l'ai rêvé plusieurs fois. En fait, si vous saviez le nombre de vols auxquels j'ai rêvé...
A force de faire le chemin aller en voiture, on s'éprend de l'idée de rentrer par la voie des airs. On se dit que forcément il y a un thermique ici, et là...

Cela faisait un moment que j'avais entré la balise du lac de Vesoul, au cas où l'occasion se produirait...
Je surveillais cette journée de jeudi depuis dimanche soir, sorte d'espoir dans ce chaos météorologique actuel. En plus le flux devait passer au sud...
Mais au fur et à mesure des jours, le flux s'orientait de plus en plus à l'ouest, sud-ouest. J'ai donc pensé à Dijon, mais n'en déplaise à un certain blond de la barbe aux cheveux, enfreindre environ cinq zones aériennes en un vol, ça fait beaucoup.
Donc je tenterai le retour quelque soit les conditions ! Parce que j'avais deux armes secrètes : ma nouvelle machine, cette magnifique IP6, et... la flèche de mon GPS ! Car il y a une force intrinsèque aux compétiteurs : rien ne les arrête quand cette sorte de fil d'Ariane les guide, information graphique presque totalitaire tend elle agit, tantôt positivement tantôt négativement, sur leurs cerveaux rompus à la recherche de la ligne parfaite.

C'est comme ça que l'on se retrouve Béné, Guigui, Thomas moi au déco ouest. Et comme d'habitude, le traditionnel trou de ciel bleu est bien là ! Partout des cums, sauf à 10 kms à la ronde autour du Poupet. Parfait ! Guigui regrette déjà de ne pas être resté chez les dinosaures deltistes de Dijon, Béné de ne pas être restée à la Réunion, et Thomas... Ah ben non, il est à fond !

J'ouvre le bal à 13h45. Et ça commence plutôt très mal... Après quelques aller/retour devant l'ouest, ce qui a l'art de m'énerver quand ça ne monte pas un caramel, je file droit devant dans les Chamoz, où il n'y a rien... Je fais un point bas à 580m, trouve une bulle que je dérive en catastrophe, pour tenter de revenir en appui au-dessus de la pente à Cyril. Ce que je parviens à faire. Cela me permet d'ouvrir les yeux deux minutes, de voir Thomas, déjà bien haut, Guigui au niveau du déco, et surtout trois milans qui tournent devant et m'offrent la porte de sortie de cette galère. La pression redescend...
Ce thermique me permet d'aller voir aux méhauts où de pitoyables nuelles trônent tristement, sans montrer de signes d'activité. J'attrape un cycle, Guigui ne le trouve pas aussi bien et l'on se sépare déjà... Pas bon vu l'état de la masse d'air. Et ce GPS qui m'annonce 74 kms to goal...

J'arrive finalement à me hisser à 1100m pour me jeter, c'est le terme exact, sur la crête qui va à Quingey.
J'attrape la pompe à 460m au commencement de la crête, elle me lâche à 700m... J'avance, fais demi-tour car je sens que quelque chose me tire vers Port-Lesney et la butte qui surplombe le village. J'attrape un vario misérable qui me monte à 730m et je rebascule sur la crête pour avancer. Près de Buffart, je remonte à 750m... Je hurle après cette saloperie d'inversion qui stoppe tous mes thermiques à la même altitude ! A en perdre espoir. Tant pis, je persévère en me disant que l'habituel gros thermique de Lombard va me sortir de se pétrin...
Mais de nouveau, il n'y a qu'un misérable thermique qui me permet tout juste de reprendre 200m sur la crête de Byans. C'est pourtant des faces sud. Je ne comprends pas encore bien le schéma de cette journée...
La voix de Raph me revient dans ce moment de pur galère, et me dis de toujours me diriger vers les cums, même les plus cadavériques. Ca vaut toujours mieux que le bleu... Ca tombe bien, il y en a de jolis autour de Quingey. Je coupe donc sous le vent de la montagne, dans une ligne porteuse mais turbulente (normal quoi). Et juste là, dans le col entre Abbans-dessus et Quingey, le monstre m'attrape ! Il va me permettre de remonter de mes 500 misérables mètres, à pratiquement 1900 m dans du 5m/s intégré dans la partie la plus puissante de la bête. Je suis au-dessus de tous les plafs de la région en quittant le thermique. Pourquoi ? Je pense que c'était un thermique de confluence. Il était d'ailleurs plutôt turbulent. Cette confluence devait prendre naissance de la rencontre entre le flux d'ouest qui dégueule du plateau d'Abbans et le flux de sud en vallée de Quingey.
Maintenant je respire...

J'enquille un glide de 10 bornes, le tout à 11 de finesse et à 50km/h... Ca va comment une IP6 déjà ? Ca va très bien !
Sous le nuage à l'ouest de Rancenay, je reprends 500m, pour un plaf à 1600m. Nouveau glide de 10 bornes, 12 de finesse, vent de travers... Ca va comment une IP6 déjà ? Ca va très très bien !
A Miserey-Salines, je misère (sans mauvais jeu de mots) ! Je fais difficilement 1050m dans un 0,5. Tout est bleu devant, seulement quelques nuelles pathétiques me font garder un peu d'espoir pour la suite. En plus la dérive est moins sud que je le voudrais, mais je fais avec, en remontant à chaque fois un peu au vent quand je quitte le thermique.
Un petit thermique à l'Est de Geneuille me permet de reprendre 600m, pour un plaf à 1200m. D'ailleurs je dépasserai rarement 1300m pour la fin du vol. Les thermiques sont hyper mobiles et les cycles courts ce qui rends leur exploitation difficile.

Je commence à avoir le schéma de la journée bien en tête : je prospecte dans les zones où apparaissent de petites nuelles, en jouant avec le sous le vent des nombreuses forêts du coin. Et ça paye souvent.
Ainsi, je retrouve un thermique du côté de Boult, enfin un peu plus consistant avec des pointes à 2m/s. 1400M, l'espoir demeure. Je suis maintenant à 30 bornes du but.
Un cum, moins ténu que les autres, trône en plein milieu d'une forêt. Je file m'y réfugier. La topographie est excellente, il y a de nombreuses coupes de bois, donc très protégées du flux. Je laisse naviguer la machine pour qu'elle me dégote le thermique, ce qu'elle fait très bien en prenant un cap plus à l'ouest que celui que j'avais avant. Je coince le barreau, et rentre dans un bon 2,5m/s qui me remonte à 1500m. J'y crois ! Ca va le faire ! Mais la dernière difficulté est devant moi...

C'est le grand bleu avant Vesoul... même pas une nuelle 15 kms devant. Pourtant le ciel est encore beau autour. Je laisse glisser la machine en optimisant le plané sur 7kms de transition, le temps de réfléchir un peu de me mobiliser pour réussir ce vol. Je vois deux options : une petit butte en forêt avec un possible déclenchement sous le vent, où une petite « crête » avec un déclenchement au vent. Je sais qu'il ne faut pas se louper à ce moment...
Ma première option, heureusement, fonctionne. De nouveau l'IP6 a redressé l'axe idéal et je suis dans une bonne pompe maintenant, qui me remonte à 1450m. Je sais que c'est presque gagné, je vais récupérer quelques nuelles, il ne me reste plus que 20 kms à faire.

Un thermique me remonte à 1250 au sud-est d'Echenoz-le-sec, puis je vais chercher le cum sur la forêt à l'ouest de Vellefaux où je refais 1350, de nouveau sans pouvoir atteindre le nuage. C'est gagné ! Je suis à l'orée de Vesoul, largement en finesse. Je crie un bon coup, et je vais enrouler au-dessus du petit site d'Echenoz, où je remonte à 1400m pour admirer un peu la vue sur les Vosges, qui paraissent à la fois si proches et encore si loin, le lac, la ville. Je prends quelques photos.
Et commence mon approche au-dessus d'un champs... où une mongolfière déplie !

Je pose comme une fleur, à pratiquement 18h, àprès 4h de vol. Le téléphone chauffe. Thomas est un peu dégoûté, il est parti un peu avant moi et pose à Quingey. Le début de vol était tellement moisi...
L'aérostier vient me dire bonjour et me demande si je viens de décoller du petit site d'Echenoz. Je lui dis que je viens du Poupet.  big_smile
On échange un peu sur les conditions, sur nos activités respectives. Et puis il s'envole, moi je replie et rentre à l'appartement à pied.
Je croise des jeunes qui me demandent une clope en mode wesh wesh. Je leur répond que non, et passe mon chemin en me disant que j'ai bien de la chance d'avoir une passion comme la parapente...

Je dis bonjour à tout le monde chez moi. Oui aujourd'hui, je suis rentré en vol smile.
Le truc c'est que ma voiture est au déco... Avouez que c'est con, hein ?

Mais c'est aussi ça qui fait tout le charme de ce genre de volS. Pendant tout l'aller à Besançon en bus, je me remémore tous les endroits où je suis passé, en pouvant les visualiser depuis le sol.
Je rêve d'un retour par les airs improbable mais pas impossible à l'atterrissage de croix-merin, au soleil couchant... Je rêve d'un posé à l'aérotech au pied du treh...

Je rêve pour entretenir ma motivation.

Un grand merci à Charles pour m'avoir ramené au déco pour récupérer ma voiture abandonnée, et un coucou à Jean-Marie et Benoît que j'étais content de voir hier soir.

Bons vols à tous !

Max

Ps : Ah oui, ça fait 80,7 kms, et heureusement que je pose à Vesoul parce que sinon j'explosais la zone de Luxeuil."

Dernière modification par Max (04-05-2012 12:28:33)

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Re : Petit rêve de gosse

ça me rappelle une chanson célèbre : "t'as vouloir voir Vesoul..."
et tu as vu Vesoul

chapeau bas !

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Re : Petit rêve de gosse

ouais encore bravo max, c'était pas facile de sortir. je suis d'ailleurs le dernier des 3 à m’extraire mais étant donné que le ventre de céline est bientôt près à exploser et qu'elle est au déco ouest je reste dans le secteur au cas ou un départ à la maternité s'impose. bien gavé quand même de plus de 3 h de vol à jouer dans ces beaux gros cums. effectivement il y avait plusieurs hauteurs de plafond, de 1700 à plus de 1800 et ça montait encore très bien à l'intérieur. du coup je boucle un circuit de 30 bornes en passant par l'antenne d'aiglepierre, les arsures, mouchard, port lesney, villers farlay, re-port lesney, by, ivrey et retour au déco ouest ou j'ai pu peaufiner ma technique de posé-cratère. c'était intéressant comme vol car les branches vent de face était difficiles, ça avançait pas et aborder les thermiques par leur coté sous le vent est un bon exercice. merci aux martinets pour le placement sous le nuage. il y avait aussi de bonnes lignes porteuses dans le bleu, étonnant.

a plus sous un cumulus..

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Re : Petit rêve de gosse

Les photos: https://picasaweb.google.com/1015783530 … 7702221618

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Re : Petit rêve de gosse

Voici ma trace d'hier:  http://www.paraglidingforum.com/leonardo/flight/601709


Pas facile de sortir. Départ après 16h30. J'ai suivi les indications précieuse de Max pour le th° d'Abans dessus. Par contre j'ai jamais pu atteindre les barbules, c'est pas faute d'avoir insister. J'ai eu l'impression de me traîner. Peut être est ce du fait que je ne savais pas trop où me diriger. J'ai essayé de voler en fonction des nuages. Paysage magnifique après Besançon. Je retrouvé un dernier th° bas avant Beaume les Dames à 18h30. Je pose à 18h40 à la sortie de Beaume. Retour en stop jusqu'à Dole à 21h. Merci à Gilbert et Gérard pour avoir ramené ma voiture.

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Re : Petit rêve de gosse

Bravo à tous les deux ... et encore plus à Max, parce que lui, il nous a fait des photos !!!
Enfin, il aurait pu en faire un peu plus. Une remarque, d'ailleurs : jamais de photos des points bas ... c'est pourtant là que ça serait interessant pour l'analyse. Je sais bien qu'on a autre chose à faire à ce moment-là (...  mad ), mais c'est pas une raison !
Max, la prochaine fois, des photos de tes transitions, à chaque fois que tu crois que tu vas poser  big_smile  ... et à chaque fois que t'es posé aussi, d'ailleurs !
Beau vol, Nico, on t'a vu partir avec Guigui ... depuis la pente-école !!! Et loins de penser que t'irais jusqu'à Beaume-Les-Dames

Conclusion : il faut toujours y croire, même les journées pourries.

On m'appelle Hoover ... comme les aspirateurs !