Sujet : vol bivouac biplace dans les alpes
C'était il y a un mois, une belle ballade avec mon frangin.
Une semaine en autonomie dans les Alpes en vol bivouac, du parapente biplace, de la marche, du stop (c'est pas très intéressant de marcher le long des routes en fond de vallée..) et des bivouacs bucoliques!
Voilà la vidéo: https://www.youtube.com/watch?v=28NL-Qa … e=youtu.be
et le récit:
Depuis plusieurs années j'ai envie de faire un vol bivouac dans les Alpes, partir une semaine avec un parapente, du matériel pour dormir, manger etc.. enfin tout ce qu'il faut pour être en autonomie et avancer en vol et au sol en prenant le temps de s’imprégner de ces belles montagnes. En général quand je descends dans les Alpes avec mon aile c'est parce que les conditions météo y sont bonnes et j'y reste une ou deux journées avec l'objectif de faire du vol de longue distance, c'est plutôt pour la performance et c'est souvent un peu speed. Mon frère, Matthieu, que j'ai déjà emmené en biplace quelques fois est un passager en qui j'ai totalement confiance pour le décollage et l'atterrissage peu importe les conditions. En plus depuis 2 ans il s'est mis à courir avec un bon niveau, il a la caisse et il aime la montagne, c'est donc tout naturellement que je lui parle de ce projet. En effet, plutôt que de partir tout seul pourquoi ne pas partager cette aventure. Il est tout de suite emballé, donc en cette fin d'hiver on cale une semaine, ce sera la dernière de Juin, on commence les préparatifs en espérant que la météo soit avec nous.
Quelques jours avant notre départ les prévisions météo s'annoncent excellentes puis changent radicalement, le vent de nord souffle fort et s'installe pour une bonne période dans le nord des Alpes alors que tout le sud est dans une tendance orageuse généralisée, en plus de ça les plafonds (altitude à laquelle montent les ascendances thermiques et ou se forment les cumulus) sont prévu assez bas et les massifs seront dans les nuages. On repousse notre départ d'un jour à cause du vent, nous n’avons pas de point de départ ni d'itinéraire fixé, on choisira le col des Aravis car c'est le seul endroit ou le plafond est prévu, très localement, assez haut en plus c'est facilement accessible en voiture et pas trop loin de Dijon.
Jour 1: Départ de Dijon vers 5h30 du matin, notre père nous fait la navette jusqu'au col des Aravis ou nous arrivons à 9h30. Derniers préparatifs, on met les sacs sur le dos (environ 17 et 21 kgs) et c'est parti pour une montée sur les faces sud-est en direction de notre dame des alpages et des décollages potentiels qui l'entourent. Bref passage à coté de la madone mais on continue dans une belle pente qui réchauffe bien pour rejoindre un alpage assez idéal à 2040m pour se mettre en place, c'est notre premier déco avec tout la matos donc il vaut mieux qu'on soit à l'aise. On est assez longs à se préparer, la mécanique n'est pas encore bien rodée (au fil des jours notre technique de mise en place et de rangement s'affine, maintenant on est bon pour une prochaine aventure!) . Pendant ce temps une brise se met en place mais de travers ce qui nous vaudra 3 tentatives loupées mais à 12h30 c'est partit, nos pieds quittent le sol pour une errance d'une semaine. On trouve rapidement le thermique et en 20 minutes on est satellisés à 2800m mais plus on avance et plus le plafond baisse, et pas qu'un peu.. Arrivés sur la face sud du Charvin, impossible de monter au niveau de la crête, on ne croise que des bullettes péteuses qui nous maintiennent tout juste à notre altitude. Pendant une heure on se fait un peu secouer sans monter, peut-être à cause du fort vent de nord qui tape de l'autre coté du Charvin ce qui vaut à Matthieu de tapisser à plusieurs reprises de notre petit déjeuner les pierriers en contrebas.. Pour écourter son supplice et pour ne pas passer la journée ici sans monter je décide d'avancer en se servant des brises de vallées qui tapent les pentes pour ne pas perdre toute notre altitude d'un coup, ça marche jusqu'au pied du Beaufortain ou l'on finit par poser 2 kms avant l'entrée d'Albertville à 14h45 dans un champs bien dégagé. Ensuite une longue marche en fond de vallée, puis en montée en direction de la Roche Pourrie d’où on espère décoller le lendemain, heureusement dans la montée le stop marche un peu ce qui nous économise de la marche mais après la dernière voiture on se remet en route sur du chemin et de la piste pour atteindre la cabane forestière “la combe des filles” à 1460m, on y arrive à 19h30 pas mécontents de poser les sacs au sol et d'enlever les chaussures. Il y a du bois et un ruisseau à proximité ce qui nous permet de faire à manger et une toilette. On gonfle nos matelas et c'est parti pour une bonne nuit.
Jour 2: Réveil à 8h, pendant qu'on est en train de boire nos petits déj un gars du coin (le seul à habiter au hameau le plus haut à l'année) passe nous voir avec son 4*4 en passant par la piste, il vient d'en haut mais se propose de nous remonter jusque là ou la piste s’arrête, aubaine! On termine le déjeuner à la hâte, plie tout le matos en 4ème vitesse et il nous charge dans son coffre pour nous déposer vers 1800/1900m. Le temps est au gris depuis le réveil et on prends même quelques gouttes mais on se met en direction de la face sud sous le sommet de la roche pourrie en espérant trouver un décollage, rien. On en fait presque tout le tour, bredouilles on hésite sur une petite plate-forme ou il n'y a pas le droit à l'erreur, mauvaise idée, on abandonne. On pose les sacs, je prospecte en passant par le sommet et finit par trouver un endroit très pentu sur la face nord, un peu caillouteux et tapissé de petits buissons mais ou la glissade semble autorisée. La préparation n'est pas aisée dans cette pente mais le décollage (à 13h30) se passe nickel du premier coup et en contournant le sommet on trouve un thermique alors qu'il n'y a toujours pas un brin de soleil, on prends 300m puis on traverse la vallée pour rejoindre les faces ouest en face de nous et pas en direction de la Tarentaise car tous les massifs sont complètement pris dans les nuages, on chemine sur ces faces ouest et on pose à St Hélène sur Isère après avoir avancé de 14kms en vol, il est seulement 14h. Ensuite très grosse session de marche en fond de vallée puis dans les bois alors que le soleil sort, dommage.. On monte 1100m de dénivelé jusqu'à 1430m au chalet de la Balme ou on arrive vers 19h le dos en compote, Matthieu à les épaules sciées par le sac le plus lourd, qu'il gardera pourtant courageusement toute la semaine. C'est un refuge non gardé, le spot est superbe avec une vue magnifique et comme la veille il y a du bois et un point d'eau (au goutte à goutte) à proximité, on dort même sur des matelas posés sur des sommiers!
Jour 3: Le réveil sonne à 8h mais comme tous les matins je suis réveillé avant, pendant la préparation du petit dèj on rencontre un Italien d'Albertville ou Albertvillois d'Italie.. bref un mec assez bizarre qui tient absolument à nous prendre en photo alors qu'on refuse et il nous presse pour prendre la pose en plus, il prends mon n° pour m'envoyer les 2 clichés, toujours rien reçu.. Le ciel est bien bleu et on se met en route sur un sentier à la limite entre foret et alpage pour trouver notre déco du jour. Ce fut la seule grosse connerie de la semaine lorsque j'ai voulu couper par une paroi assez verticale d'une quinzaine de mètres faite de caillasses, mottes de terre, herbes.. juste au dessus d'une pente abrupte de 150m. Une galère de quelques minutes ou je me servais de mes mains, mes pieds, mon ventre et mes genoux, déséquilibré par le poids du sac à dos pendant que Matthieu faisait demi-tour sur le chemin pour me rejoindre par le haut et éventuellement m'aider mais il arrive une minute après moi et on se promet de s’interdire ce genre truc débile. En tout cas nous voilà dans un bel alpage bien orienté mais assez pentu et caillouteux par endroit, on crapahute pendant une heure pendant une heure pour trouver un beau déco mais ce vent fort de nord qui nous suit depuis le premier jour passe par dessus la crête et redescend par rafales le long de notre alpage, nous mettant vent arrière sur cette face sud-est. On est contraint de redescendre plus bas pour moins subir ces rentrées de nord et on compte sur la brise pour le contrer. On trouve un endroit bien ou on a par intermittence brise de face / vent arrière mais ou l'on devra plonger dans la combe à droite dès que nos pieds quittent le sol car à une cinquantaine de mètres devant c'est la foret. Une bouffe de face, quelques pas, ça passe à l'aise. On navigue bien le long des Bauges mais le plaf est à moins de 2000m et on chemine plutôt aux alentours des 1600m soit plus bas que les crêtes. Passage au dessus du déco de Montlambert ou ça vole en local sans bien monter, on continue jusqu'au bout de la savoyarde ou un nuage est en formation mais on ne trouve rien dessous, tant pis, on part en transition suicide sur la Chartreuse à 1250m. La Maurienne et Belledonne étaient complètement dans les nuages donc pas question d'y aller. Sans surprise ça ne passe pas, surtout qu'on se fait bien appuyer. Le nord renforce la brise de Chambéry et on fait une approche en reculant légèrement, heureusement j'ai monté un maillon largable sur l'élévateur de gauche et Matthieu le déclenche pile au bon moment ce qui nous évite de nous faire traîner par terre une fois les pieds au sol. Un petit coup de stop jusqu'à Pontchara (si on peu éviter de marcher en fond de vallée, et on l'a déjà bien assez fait les 2 jours précédents) ou on se restaure à une boulangerie et on achète quelques denrées pour le soir. Ensuite un bus jusqu'au pied de Saint hilaire du touvet ou un Belge en stage de parapente nous monte en voiture jusqu'au village. On plante le tarp près du déco sud avec la vue sur le Vercors que l'on espère rejoindre le lendemain et sur Belledone brûlant du soleil couchant qui sort seulement la tête des nuages qui y sont restés accrochés toute la journée, on est au top.
Jour 4: Le réveil sonne à 7h, la nuit n'a pas été extra à cause de maux de dos mais ce matin ça va. Petit déj au bistrot de St hilaire puis on décolle au déco nord sur une belle moquette, ça nous change, avec une manche à air, bien trop clean pour nous mais ça se passe bien quand même. A 10h15 nos pieds quittent le sol, c'est tôt mais si on veut raccrocher le Vercors il faut qu'on passe au dessus de Grenoble avant que la brise ne se mette trop en place. Ça ne monte pas terrible (1200m max) mais ça chemine bien le long de la falaise ce qui nous permet de bien avancer, ce satané vent de nord est resté couché ce matin et nous laisse tranquille. Passage par le fort ST Eynard, la Bastille puis au Néron on fait presque 1600m c'est pas fou mais c'est le plus haut qu'on ai fait depuis ce matin donc feu! On arrive sur les contrefort du Vercors heureux mais à 750m. Le raccrochage est compliqué mais heureusement il est tôt et on ne se fait pas scotcher par la brise de vallée qui est encore faible. Le début de ce massif est désespérément fait de lignes hautes tension et de forets de sapin bien longues et plates mais ça marche en prenant appui dans la petite vallée qui part en direction des plateaux puis en dérivant des petites bulles. Dès qu'on arrive au pieds des grandes faces Est ça marche bien et on monte, sauvés. Mais le plaf est bas, au niveau de la crête ou 30m au dessus par endroit ce qui nous permet de saluer les groupes de randonneurs et leur souhaiter bon appétit car c'est l'heure du pique nique pour eux, nous on verra ça plus tard. Pour l'instant on avance en s’émerveillant de la vue magnifique des balcons du Vercors et de ces hauts plateaux jusqu'à ce qu'on arrive à une zone ou la montagne est dans le nuage, tout est à l'ombre et même les vautours qui nous accompagnent cherchent partout en battant des ailes. Pas assez haut pour transiter sur les avants reliefs je vise une combe sud mais on se fait méchamment contrer par une brise et une masse d'air qui descend fort. Atterrissage d'urgence dans un champ à 3m de la clôture barbelée et des arbres, que notre aile frôle délicatement en s'affalant. Il est 14h. On rejoins la route après avoir replié et on marche sur la route en faisant du stop, le but pour demain est de rejoindre le faces ouest de l'autre coté du Trieves car le vent doit reprendre ici et ce sera sûrement involable. Un bus scolaire vide et deux voitures plus tard, nous voilà à Mens (prononcez "mince") à 20kms à vol d'oiseau de notre atterrissage, le Trieves est assez plat, il valait mieux le passer par la route, là on est en place pour demain. Petit passage à la boulangerie puis on monte en direction du sommet qui surplombe la ville, Le Chatel, qui est la pointe nord du massif du Dévoluy. On s’arrête à 1500m pour installer un bivouac bucolique face au soleil couchant sur le Vercors et sous une barre rocheuse d’où un chamois nous tient compagnie et nous observe diner. Bivouac tellement bucolique que je passerais la nuit à rêver de Marc Lavoine (pourquoi??) pendant que Matthieu entends un animal bramer pendant des heures.
Jour 5: Réveil à 7h30, alors que l'on commence seulement à faire bouillir de l'eau pour le petit dèj sur notre réchaud à bois un groupe de 3 parapentistes qui montent à pied pour faire un plouf du matin nous met la pression en nous disant que c'est fumant dès 9h sur les faces Est là haut, qu'on est à la bourre. Ce n'est pas ce que j'avais prévu mais on se dépêche de tout ranger et d'avaler les 400m de dénivelé qui nous séparaient encore du sommet. Une fois là haut on relâche vite la pression car le plaf est plus bas que le sommet et le coté Est me plaît moyennement car il y a 2 épaulements assez hauts à passer. On reste sur le plan de base c'est à dire attendre que les conditions s'installent du coté ouest et que le plafond monte car on aura 2 cols à 1500m à passer puis une crête à 2000m si on veut aller en direction de Gap. On en profite pour se détendre en profitant du spectacle de la vue et des vautours qui passent tous par ici mais aussi pour se faire dépanner d'un peu de papier par un couple d'Autrichiens qui tombent à pics car ce matin là j'ai des petits problèmes gastriques, peut-être à cause de l'eau des ruisseaux que l'on boit, toujours est-il qu'il ne nous restait plus rien pour s'essuyer et que les branches de sapins, ça pique! A 13h30 on décolle avec comme but de descendre le Dévoluy et si par chance on peut se faire le pic de Bure et si par miracle on peut s'approcher de Gap... à peine 3 h plus tard c'est chose faite et on passe pile au dessus de Gap à 2500m. On continue en direction de Saint Vincent les Forts mais on pose 7kms avant, on joue la sécurité et on choisi un beau champ en bord de route. On se dit qu’on va peut-être pouvoir s'offrir une baignade dans le lac de Serre-Ponçon et remplir notre poche à eau, c'est notre priorité car nous n'en avons plus et on ne s'est pas lavés hier soir pour économiser (on en aura à profusion 1h plus tard). Un papy en camionnette nous prends en stop et peut nous poser à Montclar, sous le fort de Dormillouse, c'est idéal pour le vol du lendemain mais adieu la baignade. A l'entrée de Montclar on voit 2 parapentistes avec leur aile sur le dos, on demande à notre chauffeur de nous poser là pour leur demander des infos et là miracle, ils sont là pour une compétition qui a lieu toute la semaine et donc les remontées mécaniques sont exceptionnellement ouvertes pour l'occasion. Il nous faut bivouaquer ici mais un local nous conseille d'attendre que la nuit tombe, se faire discrets etc.. tous les compétiteurs sont à un camping à 500m d'ici, on succombe à la facilité. On avait pas d'eau, nous voilà avec piscine, sauna, hammam et jacuzzi, on a même pas pris le temps de monter le tarp, juste poser les sacs sur l'emplacement et direction la flotte avec un slip sale et un short de rando transpirant! Pas le droit de faire du feu dans notre réchaud ce qui nous permet de faire la connaissance d'un couple Belge extrêmement gentils mais qui nous informent que la météo pour le lendemain est pourrie, on verra bien, en tout cas on s'est claqué encore un super vol aujourd’hui.
Jour 6: Réveil à 7h30, c'est bâché et certains nuages sont déjà joufflus. En quittant le camping on passe par le PC de la compète, la manche est annulée à cause du risque orageux, pluvieux et du manque de soleil, du coup les remontées sont fermées, dommage. On passe un petit bout de temps seuls au pieds des remontées à hésiter en observant le ciel, par moment il y a des passages de bleu, on ne va pas rester ici sans rien faire donc on se fait les 600m de dénivelé à pieds avec un risque de redescendre à pieds aussi. Une fois en haut on est récompensés par les marmottes et un chamois très curieux qui vient vers nous en courant, s’arrêtant à une trentaine de mètres. Grosse hésitation pour savoir ou aller pour les 2 jours qu'il nous restent. On est sous un ciel moche mais pile à la limite, au sud c'est horrible au nord ça va. On se fixe comme objectif de traverser le lac de Serre- Ponçon en passant par le pic du Morgon puis se placer pour tenter une remontée en direction de Grenoble le lendemain. Objectif atteint 1h30 plus tard, on pose derrière Chorges. Pause boulangerie et point météo pour savoir ou se placer au mieux pour notre dernier jour, ce sera les Richards à l'entrée de la vallée d'Orcières, on y sera en 1h30 de stop. Le spot est magnifique, planté de tarp juste derrière le déco, petit feu de bois, fontaine et ruisseau à proximité mais à 22h apparaissent des nuages qui étaient cachés derrière une crête et on prends de la pluie.
Jour 7: En attendant que le réveil sonne je traîne dans mon duvet en regardant les montagnes en faces de moi qui dont les sommets sont masquées par les nuages, c'est complètement bâché. Durant toute la matinée on patiente après avoir fait sécher le tarp et la couverture du survie qui nous isole du sol pendant la nuit. Le ciel n'est pas du tout comme on l’espérait, seule quelques petites et brèves trouées dans les nuages nous laissent apercevoir du bleu, en plus la brise est travers voire arrière par moments, on à un train à prendre à 18h22 à Grenoble nous! On désespère un peu mais de toute façon on à pas d'autres alternatives que d'attendre et voir l'évolution, avec ce qu'il a plu l’humidité remonte au ciel mais quand le soleil va percer ça devrait s’assécher surtout qu'à l'Ouest le ciel est plus clair et le vent était annoncé en ouest donc ça devrait venir. Vers midi alors que ça s'arrange 3 parapentistes qui logeaient dans le hameau juste en bas arrive, 2 d'entre eux ont des ailes de compète, le troisième qui vole avec une swift se propose de nous accompagner dans notre direction (finalement il fera demi-tour après quelques kms, sûrement pour rejoindre ses potes). Le premier à décoller se retrouve vite bas, c'est un petit site avec à peine 400m de dénivelé, le 2ème réussi à peine à se maintenir mais de nouveaux nuages arrivent, je crains une nouvelle longue période d'ombre alors on s'y jette avec notre compagnon, il est 13h, il se débrouille mieux que nous et on se retrouve rapidement bas, la sortie des basses couches dans les pierriers à l'ombre bien plus près de l'atterrissage que du sommet est stressante et je m'accroche à chaque petite bulle bien aidé par mon frère qui est très actif en mettant tout son poids d'un coté ou de l'autre sans que je lui demande, il à bien intégré les sensations des virages. On met 30 minutes à sortir à 2500m, ouf! Le ciel est humide mais pas moche alors on suit les contreforts des Ecrins, c'est magnifique même si la plupart des sommets sont dans les nuages. Il y a plusieurs hauteurs de plafonds, ça va de 2300m à presque 3000m ce qui nous vaut même de passer carrément au dessus d'un petit cumulus. On vole doucement pour assurer chaque transition, et profitant du survol du sanctuaire notre dame de la Salette ou en saluant le berger qui monte en altitude avec son impressionnant troupeau de moutons.. De pics rocailleux et hauts sommets on passe à des montagnes plus douces et vertes et on aperçois Grenoble au loin, notre but ultime, l’excitation est à son comble. On quitte les Ecrins pour raccrocher les petites faces Ouest sous Chamrousse, la bise qui vient de Grenoble tape bien dessus et nous permet de faire un dernier plein à 1600m pour partir droit sur Grenoble ou Matthieu prends les commande pour notre dernier plané, il l'a bien mérité et je n'ai pu le laisser piloter que très rarement durant la semaine à cause des conditions pas simples, ventées ou musclées. On choisit un beau champ bien dégagé en bord de route à 3kms de l'entrée de Grenoble ou l'on s'écrase misérablement, ankylosés par le froid et les 4h de vol dans les sellettes strings. Il nous reste une bonne heure et demie pour monter dans le train alors on plie en vitesse (la mécanique est maintenant bien rodée, chacun a son rôle et on est plus efficaces) sans prendre le temps de se changer, un petit coup de stop, quelques arrêts de tram et nous voilà à la gare avec 30 minutes d'avance. On peut prendre le temps de savourer notre vol et de quitter nos vêtements chauds pour les troquer contre des short, strip-tease sur les quais!
Dans le tram ce fut presque un choc d’être dans l'agitation de cette grosse agglomération si peu de temps après avoir passé des cols, vu des vallées inhabitées ou presque, des sommets enneigés ... L'arrivée du train est prévue à 21h à Mâcon pour moi ou je rejoins les filles dans la belle famille et à 22h pour Matthieu ou Charline l'attends en lui préparant un repas gargantuesque. Le plan c'est déroulé sans accro, si on loupait ce train il fallait attendre le lendemain.
Cette semaine était vraiment cool on a souvent eu la sensation d’être au bon endroit au bon moment malgré les conditions compliquées: souvent des plafonds bas, vent fort, massifs dans les nuages, risque orageux. Ce n'était pas une semaine exceptionnelle pour le parapente, on en a d'ailleurs croisé peu sur sites et quasiment aucun en cross (vol de distance) mais ce fut quand même des conditions qui nous ont permis d'avancer et surtout, chance incroyable, de voler tous les jours! Nous avons pu traverser ou effleurer pas mal de massifs: Aravis, Beaufortain, Bauges, Chartreuse, Vercors, Devoluy, Gapençais, Montagne de la blanche, Ecrin et Belledone.